Eh oui ! On l'a enfin ouvert, il s'agit de notre tout premier event :
l'Expédition en Vigescie, aventure basée sur de très nombreuses caravanes bravant le désert vigescien et ses multiples dangers pour atteindre Armasdem, la capitale de la région. Et plutôt que de vous le survendre, on vous propose plutôt d'aller
le lire !
« ... D'accord mais c'est quoi la Vigescie ? », me direz-vous. Eh bien là aussi, une petite introduction en histoire :
« Appa, raconte-moi encore l'histoire », fit l'enfant aux yeux lourds et à la peau grise, deux crocs protubérants sortant des coins de sa bouche.
Le vieux Vigescien, assis sur un tabouret près du feu, attrapa le jeune garçonnet pour le loger sur ses genoux, le sourire tâchant de convertir sa peine en fierté. S'il n'avait vécu la chute de la nation vigescienne du passé, cette dernière avait été traduite avec tant de détails, d'angoisse et de tristesse par ses propres aïeux que lui-même, comme bon nombre de ses pairs, ressentait encore la blessure qu'avait infligé le Chancre à son peuple. Puis, après un soupir, il leva les yeux vers le ciel du désert, constellé d'étoiles plus brillantes que partout ailleurs.
« Autrefois, la Vigescie fleurissait de richesse et d'ingéniosité. Les Silkiens eux-mêmes ne faisaient que pâle comparaison face à leurs voisins de l'Ouest. Rien ne pouvait faire face à l'égémonie des vigesciens ... Sinon leur propre orgueil ; aussi grandiose, aussi ingénieux, aussi pieux que soit un peuple, il n'est guère que poussière face à la réalité du monde », débuta Appa, attrapant au sol une poignée de sable, pour mieux le laisser s'envoler au gré des vents glacés du soir.
« Trente jours », continua-t-il, marquant une pause si longue que l'on aurait cru qu'elle avait duré au moins autant de temps. « Le temps suffisant pour le Chancre de détruire deux millénaires d'histoire. Hommes, femmes et enfants s'entre-tuèrent. Fidèles compagnons devinrent bêtes sauvages, assoifées du sang de ceux qui n'avaient encore rejoint leurs rangs. Prières et supplications n'atteignèrent nuls cieux, et les supposés Dieux, incluant l'Illosio des légendes Silkiennes, restèrent absents, aveugles. Si les Dieux existaient réellement, ils avaient abandonné ce monde. Ils avaient abandonné les Vigesciens. Alors, nous les avons abandonné, nous aussi. »
Baissant le regard, l'ancêtre ne pu réprimer un sourire. L'enfant avait le don de s'endormir sans peine, toute aussi funeste soit le conte. Aussi lorqu'il reprit le fit-il plus pour lui-même et ceux qui, parmi les adultes du campement, s'étaient rassemblés pour écouter les paroles du conteur du clan.
« Oui, nous avons surmonté cette maladie, surmonté notre sauvagerie. Mais la Vigescie est dure, implacable. Le Chancre, s'il a abandonné nos veines, n'a pas abandonné nos terres. Hordes de ces monstres sillonnent encore notre bien-aimé continent, dont tant de nos ancêtres marchent à leurs côtés. La flore s'est échappée de nos sols, lui préférant celui, fertile, du Royaume Austral. Quant à la faune ... Eh bien, il ne nous reste qu'à prier pour que, d'ici notre arrivée à Armasdem, nous ne croisions ni chenille des Sables, ni nid de Tamazuq. »
Se levant, le jeune enfant vigescien dans le creux des bras, il lui adressa un dernier sourire, prenant le chemin d'une tente proche. Soupirant discrètement, il déposa le corps endormi sur l'une des paillasses, avant d'apposer une ultime caresse sur son front.
« Sois fort, guerrier en devenir. Car si les temps sont durs, l'avenir n'appartient qu'à vous. Nous, vieux os délabrés, ne sommes que le tremplin d'un futur encore à tracer. Quant à vous, enfants de notre monde, vous en êtes le pinceau. »
Sortant de la tente, il adressa un regard à l'un des passants, accompagné d'un message des plus cryptiques.
« Puissiez-vous être meilleurs artistes que nous ne l'avons été. »