Pour un Wen d'argent de plus [25/08/2021]

25 août 2021

C’est bizarre, même accompagné par cinq membres de l’équipage de mon navire volant, le Dragon, je ne me sens pas du tout en sécurité. Est-ce à cause de l’ambiance dans cette ville où la loi semble être ignorée par tous ou de la grande proportion de personnes qui possèdent une arme et la mettent bien en évidence ? Je pense que c’est un peu des deux.

Même mes hommes, pourtant des vétérans venant de la libre cité de Naporia sont mal à l’aise dans cette ville frontière du Royaume avec le continent de Vigescie. On sent bien cette fébrilité partout dans l’air avec les nombreux convois qui vont partir ou qui arrive de ces terres sauvages, le tout dans les cris et un fracat épouvantable.

C’est vraiment dommage que des tempêtes empêchent mon bateau de voler et que je sois obligé de joindre une caravane. La Déesse n’est pas avec moi aujourd’hui, mais j’espère quand même qu’elle me protégera durant mon voyage. De toute façon, je n’ai guère le temps d’y penser, car j’arrive devant l’auberge où je dois rencontrer le chef des mercenaires que je compte embaucher.

Ils m’ont été chaudement recommandés et seront, sans aucun doute, d’une aide précieuse. J’entre donc dans l’établissement, allant jusqu’à la grande table du fond qui nous a été réservé par un « ami » commun qui a joué le rôle d’entremetteur.

Les compagnons de Kuruk ne disaient rien mais n'en pensaient pas moins. Il était nerveux. Ce qui se traduisait par une impatience inhabituelle et des remarques acerbes. Ils comprenaient, ils devaient absolument accompagner cette caravane, et se vendaient donc en tant qu'éclaireur à un riche nuwa de l'expédition. C'était tout bonnement ... incompréhensible pour eux de s'allier à un nuwa, d'être à ses ordres. Mais si l'orgueilleux Kuruk pouvait mettre sa fierté de côté pour cet entretien alors ils feraient de même, attendant d'en savoir plus.

Vêtu de son épaulière, d'un pagne, ses tatouages bien visibles, tout comme sa musculature impressionnante et ses cicatrices creusant son visage, Kuruk se tenait assis dans cette ville transfrontalière. L'auberge qu'il avait choisi était mixte, remplie de vigesciens en voyage et de silkiens, différents dialectes fusaient. La population était très hétéroclite ici. L'ambiance était tout aussi électrique, chacun était là pour sa propre survie. Kuruk aimait cela. Chacun montrait sa vraie essence. Les choses étaient simples.

Evidemment, toute l'auberge l'avait regardé du coin de l'oeil, un vigescien aussi moche était une chose rare. Son aura intimidante irradiait de son regard sombre malgré ses yeux clairs. Il croisait les bras, attendant son futur employeur.
Il ne portait pas d'arme, comme une ambiguité, montrer patte blanche et montrer qu'il n'en avait pas besoin, une menace et un respect. Il n'en aurait pas pour le nuwa pourtant, mais il tenait à respecter les traditions.

Lorsque le nuwa rejoignit la table du fond, le vigescien se leva, suivi de ses deux compagnons. Sa voix grave brisa le silence.

"Bonsoir Woo-Jie. Merci de nous accorder cette entrevue."

Un véritable monstre m’accueil, au début, je pense qu’il va se mettre à grogner, mais il parle avec une voix tout à fait normale, malgré quatre dents qui l’empêchent de fermer complètement la bouche. Ses bras font la taille de mes cuisses et ses cuisses font la taille de mon torse. Heureusement qu’il est habillé, sinon je l’aurais pris pour une créature sauvage et je me serais enfui le plus loin possible.

Toutefois, ses premières paroles sont tout à fait civiliser et je réussis à vaincre ma peur en m’asseyant à leur table, je suis un peu rassuré quand même, car mes hommes m’attendent à l’intérieur et je sais qu’ils pourront intervenir en cas de problème. En plus, mon interlocuteur n’est pas armé, c’est pourquoi je lui réponds en lui souriant timidement :

C’est moi qui vous remercie d’avoir accepté de me voir, vous êtes bien Kuruk Zéphyr ?

Je ne sais pas si j’ai bien dit son nom et je lui précise :

Je suis désolé si j’ai mal prononcé, je connais quelques Vigesciens mais je suis ignorant de bien des choses sur votre culture.

Voilà, normalement, cela devrait être bon, et pour rompre la glace, je propose aux personnes attablées :

Avant de commencer, puis-je vous offrir à boire ?

Après tout, nous sommes dans une auberge, alors autant en profiter, je fais donc signe à la serveuse de prendre nos commandes et pour ma part, je prends un verre de vin. J’attends que tout le monde soit servi pour ne pas paraître impolis avant de reprendre la parole :

Mon contact vous a chaudement recommandé, d’après lui, vous êtes les meilleurs.

Un peu de flatterie ne fais jamais de mal.

Seriez-vous prêt à m’accompagner dans cette expédition ?

Un grand bavard. Cela arrangeait Kuruk qui n'aimait pas faire la discussion. Il ne la faisait pas d'ailleurs. Ainsi, il secoua juste la tête lorsque le nuwa lui demanda s'il était bien Kuruk Zéphyr.
La prononciation de son nom changeait selon les clans vigesciens, mais un nuwa ne pouvait imiter le mélange de rugosité et de sensualité d'une langue vigescienne. Le grand vigescien ne releva donc pas. Il se contenta d'un laconique mais mystérieux :

"La culture vigescienne n'est pas aisée à capturer pour les étrangers."

Ce qui le dérida néanmoins, fut la proposition suivante. Offrir sa tournée ? Un demi sourire entre ses crocs fit son apparition, il interrogea du regard ses compagnons.

"Volontiers, 3 pintes d'alcool de cactus. Si possible."

Evidemment le nuwa se servit en vin, bientôt il ne pourrait plus. Il devrait s'habituer aux moeurs vigesciennes. A moins qu'il n'ait avec lui une cargaison de victuailles nuwa. Bientôt tous les membres de cette caravane seraient sans doute réduits à manger de la viande sèche, dure à mastiquer. Il avait hâte de cette vie nomade. Mais pour cela, il devait encore se faire embaucher.

"Votre contact est flatteur. Nous ne sommes sans doute pas les meilleurs mais nous sommes disponibles. Nous avons sillonné la Vigescie, dont nous sommes originaires. Aussi, nous connaissons ses dangers, nous connaissons ses usages. Nous ne sommes pas aussi nombreux que vos hommes mais nous vous serions utiles comme des sortes ... d'éclaireurs. Nous saurons anticiper et protéger votre groupe."

Il s'arrêta, presque coupé dans sa lancée, d'un texte répété dans sa tête. On aurait dit que le nuwa avait déjà accepté... Il le prenait de court.

"Bien sûr, nous sommes prêts. Vous ... vous acceptez déjà ?"

Heureusement pour moi, mon interlocuteur est tolérant et aime boire, ce qui me permet de commander ce qu’il souhaite. Je l’écoute parler de sa vie et je me rends que j’ai bien devant moi les hommes qu’il me faut et que mon contact m’avais décrit. Je l’ai sans doute surpris avec mes questions, car il s’arrête brutalement et me demande si je suis déjà prêt à l’embaucher et je lui réponds en souriant :

Bien sûr, vous pensez que moi, un homme élevé dans l’Empire Nuwa, n’ayant aucune connaissance en survie, j’allais vous juger, vous, des vétérans ? Ce serait bien présomptueux de ma part.

Je reprends une gorgée de vin, avant de continuer :

Vous acceptez déjà de mettre votre vie en danger pour un étranger et c’est déjà bien plus que se peut demander.

J’attends de voir la réaction de mon interlocuteur, avant d’entrer dans les détails.

Kuruk n'aimait pas vraiment sa façon de parler, son ton noble, sinueux, fourbe. Il n'aimait pas son allure bourgeoise, aristocratique, élégante, fragile. Mais il devait bien le reconnaître, cet homme avait un brin de sagesse. Il reconnaissait qu'il ne survivrait pas dans le désert. Il reconnaissait qu'il ne connaissait rien. Cela n'était pas difficile. C'était nécessaire pour survivre de s'entourer des gens avec les bonnes compétences. Pour autant cela ne présumait rien du jugement que ce nuwa devait porter au fond de lui. Son éducation de nuwa le poussait à se considérer au-dessus.

Malgré cette expression d'humilité, Kuruk était devenu encore plus méfiant. Il apaisa son esprit en se disant que ça arrangeait ses affaires.

Mettre sa vie en danger pour quelqu'un d'autre ... ce nuwa avait une conception étrange du travail de mercenaire. Le vigescien pensa que le nuwa ne pourrait jamais vraiment comprendre un vigescien, qu'aucun étranger ne le pourrait. Kuruk ne mettait pas sa vie en danger. Leurs vies à tous étaient en danger en permanence sur Anima. Il partageait ses connaissances, sa vigilance. Il mettait sa vie en danger pour son clan, ses frères et ses soeurs. Pas pour un employeur. Le danger et la mort ... les Nations en avaient des conceptions bien différentes.

Mais au fond peu importait l'expression utilisée, cela revenait au même pour les deux. Ainsi, il but une gorgée de bière, finissant la moitié, en acquiesçant en silence.

"Très bien. Que doit-on savoir avant de commencer cette expédition ? J'imagine que vous avez déjà pris un jabal afin de tirer votre loge, que vous vous êtes procuré de suffisantes provisions et munitions."

Mon petit doigt me dit que j’ai bonne impression et qu’offrir un verre à Kuruk et ses acolytes était une très bonne idée. Mais ce n’est pas fini, car il me pose d’étranges questions et j’y réponds en souriant :

Nous venons juste d’arriver, alors je vais devoir en effet acheter ce qu’il faut. J’ai déjà entendu parler des jabals, des animaux de traits si je me souviens bien, mais je n’en ai encore jamais vu. Concernant les provisions, je suis également un peu dans le flou, pour vous, le voyage va durer combien de temps ?

Je le laisse répondre, puis je lui indique :

De manière pratiquo-pratique, nous serons six, moi et cinq membres de ma suite, ils ont tous quelques notions de combat, mais ce ne sont clairement pas des guerriers.

J’hésite un peu, puis finalement, je décide de ne pas parler du coffre, moins de gens seront au courant et plus il sera en sécurité. Je continue donc :

Ce serait très aimables de votre part de m’aider à acheter ce qu’il faut, notre expédition n’en sera que plus facile. J’en profiterai pour vous prendre les munitions dont vous avez besoin.

Je ne savais pas que j’avais devant moi des archers, mais je suppose que pour survivre dans le désert, il faut savoir manier différents types d’arme.

1 mois. Minimum. Ou maximum... il faudra se dépêcher car Primaflavia arrivera vite. Un jabal sera nécessaire en effet. Il peut donner du lait et tirer votre chambre, encore plus si vous avez un lourd chargement.

Kuruk prit le temps de recueillir ces informations... des non guerriers... il était fou ? Il affichait sa richesse mais personne pour le protéger ? Après tout, le rôle de Kuruk n'était pas tout à fait de le protéger des autres participants de cette excursion mais bien des dangers du désert. Kuruk commençait à prendre conscience de la dangerosité de la tâche qui l'attendait...
Décidément, en tant que guerrier vigescien, habitué à être entouré de guerrier survivant dans le désert, valorisant la force en qualité principale... il ne comprenait pas ce choix de compagnons de la part de Woo Jie. Mais après tout, s'il payait.

Kuruk commença une phrase...

"Nous avons dé.."

Son pied fut violemment écrasé par un de ses compagnons. Ils voulaient leur part, profiter de la fortune de cet homme, avoir des petits cadeaux à base de lames, cela leur faisait plaisir. Kuruk allait refuser mais il changea alors son discours.

"Très bien, en effet nous pourrions vous aider à négocier, à moins que vous n'ayiez déjà l'habitude des souks frontaliers? Concernant nos armes, nous pourrions regarder ce qui se vend dans cette cité, notamment sur les dagues, les lances, ou bien les enduits poison... on rencontre de tout dans le désert. Avez-vous un guérisseur avec vous ?"

Le délai que me donne l’armoire à glace qui me fait face est conforme aux informations que j’ai pu glaner à gauche et à droite lorsque je préparais ce voyage. Pour le chargement, j’ai bien sûr prévu quelques petites choses, comme des vêtements, du vin, de quoi manger, de quoi écrire également, le coffre que je dois convoyer, des jeux, du savon, des parfums, bref, l’indispensable.

Nous commençons ensuite à parler emplettes et je lui réponds :

Je n’ai pas l’habitude de négocier tout court alors ce serait fort aimable de votre part de m’aider dans cette tâche. Pour vos armes, prenez ce qu’il vous faut, le but premier de cette expédition est de revenir vivant.

Quand il me demande du coup qui sera présent, je lui dis, comptant sur mes doigts pour n’oublier personne :

C’est plus un véritable médecin qu’un guérisseur, l’Empire forme des personnes les plus compétentes du monde entier. Ensuite, il y a mon navigateur, il sait très bien se repérer par rapport aux étoiles et je lui ai acheté des cartes qui seront, sans aucun doute, utiles. Pour finir trois personnes connaissant la chasse et sachant se servir d’un arc. Bien sûr, ils sont tous armés de coutelas, et supportent plutôt bien la chaleur, je serais d’ailleurs le seul Kaiming De Ren.

Et oui, même si je suis devenu un peu bronzé à force de sillonner les airs, je sais très bien que je vais le plus souffrir du soleil, je compte bien m’acheter des nouveaux vêtements, à la fois respirant et beau. Après tout, ce n’est pas parce que l’on va marcher dans le désert que l’on ne peut pas être élégant.

Le seul Kaiming de Ren ... étrange. Il se mettait en danger, ne prendre aucun compatriote avec soi... Kuruk ne disait rien. Après tout, les nuwas seraient des poids dans le désert, sauf peut être une Lin.. et encore, elle devait souffrir de la chaleur.
Les compagnons sachant se servir d'un arc et d'un coutelas seraient utiles. Pour qu'ils rentrent tous vivants comme il disait.

Quant au "médecin" nuwa, malgré les distinctions dont Woo Jie parlait, Kuruk n'aurait aucune confiance. Les maux du désert étaient mystiques, tout comme les compétences des guérisseurs. De toute façon, il ne se blesserait pas.

Le grand vigescien, finissant son breuvage, acquiesça pour tout.

"Pour un étranger, vous avez fait les choses sagement. Le désert sera plein de menaces mais grâce à ces précautions, nous allons faire en sorte d'arriver en vie. Je me dois quand même de vous poser cette question. Traverser le désert pour se rendre à Armasdem est un périple éprouvant, cela fait ressortir ... ce qu'il y a à l'intérieur. Pour y arriver, au bout, il faudra se demander..."

Lorsqu'il cherchait ses mots, son accent mi sensuel mi rocailleux ressortait. Il plongea son regard, très sérieux dans celui de son employeur.

"...Pourquoi vous voulez y aller. Soyez sûr de votre réponse, de vous. Il faut être déterminé pour passer le désert."

Puis, plus léger, il se leva, accompagné des siens, interrogeant du regard le noble.

"Voudriez-vous aller au souk tout de suite ou demain matin ?... ou peut-être voulez-vous que nous nous en occupons ?"

Toujours très direct, brut de décoffrage.

Je reçois des compliments de la part de l’armoire à glace qui me fait face, ce qui me fait très plaisir, puis il me pose une question à laquelle je ne m’attendais pas et je prends un peu de temps pour bien réfléchir à ma réponse. Je me vois mal lui dire que c’est pour faire plaisir à ma mère, je risquerais de perdre le peu d’estime qu’il semble avoir pour moi, alors je lui réponds très sérieusement :

Ma liberté est en jeu.

Je sais que si je ne rends pas ce genre de « service » à ma famille, la cheffe de notre petit clan va me marier et je devrais resté à la maison à élever les enfants les enfants, comme tout homme dans l’Empire. Une fois répondu, il propose de faire les achats et je lui réponds avec un grand sourire :

Je vous accompagne bien sûr et nous pouvons y aller tout de suite.

Je vais également payer les consommations en sortant. Je tiens à les accompagner pour deux raisons, la première est que je n’ai jamais été dans ce genre d’endroit, je suis donc très curieux de voir ce fameux souk et la seconde est que vu comment mes interlocuteurs sont habillé, je tiens à choisir mes vêtements moi-même, les hommes du désert n’ont aucune notion de la mode !

La réponse du nuwa le laissa sans voix. D'habitude peu curieux, l'imagination de Kuruk s'emballa. Sa liberté ? Avait-ce un rapport avec ce qu'il transportait ? Etait-il otage ? Etait-ce une métaphore nuwa pleine de fourberie et complètement incompréhensible pour un vigescien ? Dans le doute, il hocha la tête. La raison était suffisamment noble et forte pour tenir l'entièreté d'un voyage de la sorte. Heureusement qu'il ne voyageait pas pour le plaisir, pour rejoindre des proches...

Il se leva ensuite, ainsi que ses compagnons.

"Très bien, allons-y. Restez près de nous, de nombreux détrousseurs traînent dans les rues, et plus encore sous les colonnes."

Il laissa son nouvel employeur payer, sans un regard, il l'avait déjà remercié lui semblait-il. Puis il sortit, la porte de la taverne menaçant de sortir de ses gonds tant il l'ouvrit avec force. Il avait repris son cimeterre. Dans les rues, il ne jeta pas un regard en arrière, assumant que le nuwa les suivait.
L'entrée du souk s'entendait, se sentait de loin, sous des colonnades, des coursives, des drapés, des tentures, des tapis, des épices, des mets. Rien ne pouvait se comparer au souk d'Armasdem, tout était de moins bonne qualité, le souk était beaucoup lumineux, des nombreux habitants les regardaient d'un air noir, semblaient se cacher. D'autres achalandaient les passants.

Kuruk jeta enfin un regard en arrière.

"Les étoffes sont plus proches. Avez-vous pris de quoi vous protéger du soleil et de la chaleur, et des tenues pour la nuit ?"

Il serra les dents, il avait l'air d'un conseiller mode doublé d'une babysitter. Il savait qu'il serait la cible de moqueries le lendemain.

Nous quittons donc l’auberge, notre petit groupe ne passe pas inaperçu, il faut dire que nous avons deux styles complètements opposés, Kuruk et ses compagnons sont des tueurs nés et je ne doute pas qu’ils aient déjà occis de nombreux ennemis. Pour ma part et la plupart de mes compagnons, ce n’est clairement pas le cas, et je suis toujours intimidé par la montagne de muscle qui me pose une question pleine de bon sens à laquelle je réponds en souriant :

Pour les vêtements d’hiver, j’ai déjà ce qu’il me faut, le climat est loin d’être chaud dans mon pays, mais pour le reste je ne possède rien d’adapté, c’est pourquoi j’ai besoin de vos conseils.

Nous entrons ainsi dans une boutique assez haut de gamme, du moins pour l’endroit et en suivant les conseils du mercenaire, j’achète pour moi et mes compagnons des vêtements conforme à une traversée du désert, avec du tissus léger et résistant, bien sûr, je paye un complément pour avoir quelques broderies sur les miennes, afin de paraître toujours à mon avantage, après tout, une fois arrivé à destination, je représenterai ma Mère, il ne faut donc pas que l’on me compare à un pouilleux.

Pour les armes des Vigersciens, j’avoue être fasciné par tout ce qu’il est possible de faire, et je paye comptant les différents équipements. Pour ma part, je m’achète même une petite dague très bien ouvragée, ce sera un souvenir de ce voyage, mes membres d'équipages ayant déjà ce qu'il leur faut.

Au fur et à mesure des courses, Kuruk désespérait autant qu'il prenait peur.

Des ... broderies ? Sur des toiles de tissus ? Mais où était-il tombé ? Ce prince était donc une chochotte ? Il le savait mais il devait faire un effort tel pour se contraindre de ne pas fuir en courant. Il était trop loin de son univers habituel... Si son employeur au teint pâle avait marqué des points pendant leur entrevue, il avait tout perdu ensuite.

Des gravures sur la dague ? Kuruk l'imaginait déjà se fendre au premier coup contre un chancreux ? Mais ce noble avait-il déjà tué ? S'était-il déjà battu pour vivre ? Avait-il déjà eu peur d'y passer ? Avait-il déjà souffert physiquement (parce qu'il s'imaginait bien qu'il avait du souffrir psychologiquement et écrire des poèmes larmoyants qu'il déclamait sous un ciel de lune) ? Il décida de ne pas trop s'attacher à cet énergumène que la vigescie mangerait tout cru.

Kuruk méprisait ces étrangers, celui-là en particulier n'avait aucune valeur dans le monde de Kuruk. Il devint donc distant, froid. Seule la mission de son clan comptait.

A la fin de ces courses, alors même que Tarek et Souleymane s'étaient enfuis sans un mot. Kuruk voulait quant à lui écourter ce moment. Mais il connaissait les règles de politesse.

"Woo-Jie, nous nous retrouverons à l'aube pour mettre en place la caravane."

Son visage tourné vers le prince, mais il devait presque se courber pour lui parler. Ses sourcils froncés, ses yeux bleus plantés dans ceux de Woo-Jie. Il ne fit pas le geste habituel de porter son poing au coeur signe de salutations des vigesciens. Comble de la grossièreté mais il ne s'en sentait pas capable.

"Au-revoir."

Le mot sonnait bizarre, comme s'il prenait un faux accent, qu'il imitait un silkien maladroitement. Il se releva, de toute sa stature, fit craquer son dos, et sans défroncer les sourcils, s'en par n'importe quelle rue..

Quand mon guide m’informe que nous nous retrouverons demain à l’aube, je lui indique en souriant :

C’est entendu, merci encore pour votre aide, j’ai acquis de très beaux objets.

Et en plus, pas cher, avoir un colosse comme Kuruk est très utile pour le marchandage, je m’en souviendrais. Il ne me reste plus qu’à rejoindre l’auberge où je loge et passer une bonne nuit de sommeil, à mon réveil, les choses sérieuses vont commencer !

Heureusement que je me suis préparé, ce voyage ne va pas être de tout repos, mais après tout, tant que nous ne croisons pas de horde de Chancreux, je ne prévois pas de difficulté particulière.