Cadeau d'aniversaire [12/12/2018]

Aujourd’hui, c’est mon anniversaire ! Je sors de mon lit en ayant cette seule et unique pensée en tête ! Seize ans, cela ce fête ! Je sais que mon père m’a promis une énorme surprise et je demande bien ce que c’est, une monture ? Un animal sauvage comme un tigre ? Tout est possible maintenant que ma grande sœur ait devenu impératrice et qu’elle a déménagé au Palais.

C’est donc avec fébrilité que je m’habille, aidé par les différents serviteurs et que je me laisse coiffer mes longs cheveux bruns. Je sors presque en courant de la chambre et rejoins le reste de ma famille, ma mère, cheffe de famille, qui a toujours l’air sérieuse, mon père qui me sourit et enfin la cadette, l’artiste de la famille que je soutiens, Hua Li-Na avec qui je m’entends bien.

Je ne cesse de poser des questions à mes parents sur la nature de mon présent, mais ils se contentent de garder un air énigmatique, jusqu’à ce qu’un domestique arrive et annonce qu’il est arrivé. J’ignore ce qui est ce « il », mais mon paternel me fait signe et je le suis donc à l’extérieur, sans comprendre.

Une fois, dehors, nous arrivons sur une grande plate-forme, vide et je me demande si ce n’est pas une blague, ce qui serait bien étonnant, notre famille n’étant guère réputée pour son sens de l’humour. Finalement, je vois un point à l’horizon et en se rapprochant, je peux distinguer la forme d’un vaisseau volant !

Je regarde mon père et celui-ci me confirme :

Il se nomme le Dragon et vient de Naporia, il est tout à toi !

Je bats des mains pour manifester mon contentement et faisant fi des convenances, je lui fais un énorme câlin. Je comprends maintenant pourquoi ma mère n’est pas là, elle déteste les signes d’effusion en public et nous sommes entouré des gardes habituelles. J’essaye donc de faire bonne contenance pendant que j’observe le navire se poser avec la légèreté d’une plume.

Ma mère m'avait parlé un peu de Sheng Dao lorsque j'étais petite. Elle m'avait beaucoup parlé de la capitale et de la déesse qu'ils vénèrent là-bas. Bien qu'elle était une femme très croyante, elle ne m'a jamais imposé ce mode de vie, mais je sais que secrètement, elle avait gardé ses petits rituels en privé. Peut-être que j'en apprendrais plus sur cette déesse dans les jours à venir. Quelque chose me disait que j'y serais obligée...

Pour aujourd'hui, je me contenterai de rencontrer l'homme pour qui j'allais travailler désormais... et par "homme" je veux surtout dire qu'il s'agit d'un mâle. Le prince que j'allais bientôt servir était à peine âgé de 16 ans, à peine un adulte, et le navire que je venais de piloter jusqu'en Sheng Dao devait être un cadeau d'anniversaire. Faut croire qu'il y en avait qui avaient de l'argent à jeter par les fenêtres, mais je n'étais pas là pour juger. Sans même le savoir, ce gamin m'avait donné la porte de sortie qu'il me fallait pour échapper à la misère auquelle ma famille et moi avions été victimes depuis des années. Je lui devais ça, si rien d'autre.

Après avoir garé le navire près de la plateforme, je m'approchai de lui et son père, encadré par leurs gardes qui me guettaient de près. Je leur offre ma plus belle révérence avant de me présenter.

- Capitaine Ming Xiao, votre majesté. Ming de prénom. Je sens que je vais la dire souvent celle-là...

Je rigole faiblement en me redressant, souriant au jeune homme. Il avait belle allure, mais je suppose que c'était normal vu son statut. Au moins, il semblait plutôt sympathique.

Maintenant que le navire volant, c’est posé, je vois l’équipage descendre et la première à poser le pied par terre est une véritable géante ! Et pourtant, malgré sa haute taille, elle est très jolie, une métisse sans nul doute avec des cheveux très blonds. Elle a également un très joli visage, mais l’immense sabre qu’elle porte dans le dos n’incite guère à la courtiser, et je suis plutôt impressionné par son allure générale.

Elle se présente avec un trait d’humour et je comprends ce qu’elle veut dire, dans l’Empire, c’est d’abord le nom et après le prénom, alors je lui réponds en souriant, hochant simplement la tête pour répondre à sa révérence :

Je suis le prince Woo Jie, Jie est mon prénom.

Je la détaille un peu mieux, avec ses très beaux yeux couleur, or et rubis et je continue :

Je vous souhaite la bienvenue au palais, Capitaine.

Puis je lui dis un peu plus bas, pour n’être entendu que d’elle :

Inutile de m’appeler votre majesté, ou de faire la révérence, c’est ma sœur qui est la représentante de la Déesse.

Puis à voix haute :

Le navire que vous commandez est vraiment magnifique, vous devez avoir faim après un tel voyage. Je vais demander à ce qu’un bon repas vous soit apporté, de plus, nous avons une aile réservée aux invités, je suis sûr que vous y serez très bien.

Aussitôt dit, aussitôt fait et un serviteur part en courant pour exécuter mes ordres, après tout, j’ai seize ans aujourd’hui, je suis un adulte !

La réaction du prince me faisait rire intérieurement. J'avais vu les regards que lui et son entourage m'avaient lancé. Mon apparence devait être bien étrange pour eux. Mais ce n'était rien comparé à celle de Sonya, ma garde du corps. Elle devait faire au moins une tête de plus que moi et était une véritable montagne de muscles. Lorsqu'elle débarqua du navire quelques temps après mes salutations avec le prince, les regards se posèrent sur elle comme si elle avait une tête en plus. Un sourire s'étire sur mes lèvres et je fis mon possible pour ignorer l'attention qu'on portait à ma garde du corps.

- J'en ferai une note mentale. lui répondis-je avec un léger rire.

Je n'avais guère l'habitude de travailler pour de la royauté, mais Jie semblait plus laxe que ce à quoi je m'attendais initialement de lui. J'étais soulagée de savoir que j'allais être épargnée des formalités pour nos prochaines rencontres et avant même de pouvoir caser un seul mot, le voila qu'il nous offre à manger et un aire où nous pouvons nous reposer.

- Oh... Oui, bien sûr ! C'est bien généreux de votre part.

Les serviteurs se mobilisent autour de nous pour nous emmener vers l'aire des visiteurs. Je n'avais pas l'habitude d'avoir autant de gens qui étaient à mes petits soins, ni l'était Sonya, qui yeutait les servants avec les sourcils froncés. Pendant que moi je pris place sur l'un des sofas aménagés pour nous, Sonya resta debout stoïquement à mes côtés avec ses bras croisés.

- Et pour répondre à votre précédent commentaire, le Dragon est, en effet, une bête magnifique à conduire. lui dis-je avec un nouveau sourire.

La jeune femme semble apprécier mon humour et me remercie pour mon accueil, pendant ce temps, je vois arriver une autre géante et je me demande s’il y a encore d’autres surprises à l’intérieur. D’ailleurs, cette dernière ne souhaite pas s’asseoir et reste debout, alors je m’installe en face de mon interlocutrice et je lui annonce :

Vous savez que vous pouvez vous détendre, inutile d’être armé ici, ou même d’être sur vos gardes, il n’y a aucun danger dans ses murs.

Je fais bien sûr référence à l’immense épée sur le dos de la capitaine, moi-même, je ne suis pas armé et je n'ai aucun garde du corps, même si, comme d'habitude, de nombreux serviteurs sont présents. J’attends de voir si mes paroles font effet, j’espère que oui, et je continue :

Comment s'est comporté le dragon ? Je veux dire, il tient bien malgré le vent ? Quelle est sa vitesse maximale ?

Ce fait peut-être beaucoup d’un coup et je me reprends, lui précisant :

Désolé, je suis trop curieux, peut-être préférez-vous reposer et reprendre notre conversation plus tard ?

Je ne souhaite pas les fatiguer plus que de raison et si elle me le demande, je les laisserai, elles et les autres membres de l’équipage entre eux, même si je suis très impatient de savoir comment est mon cadeau d’anniversaire.

Je devais admettre que le décor qui nous entoure est encore plus magnifique que je me l'attendais. Autant le paysage, que l'architecture, les meubles et les habits que portent les gens de l'entourage royal, tout était d'une beauté et d'une finesse auquelle je n'avais pas du tout l'habitude. J'avais passé toute ma vie dans les bas quartiers de Naporia. C'était un miracle pour moi de me retrouver ici maintenant...

Je sens, derrière moi, le regard perçant de ma garde du corps se poser sur le prince lorsqu'il mentionne l'arme sur mon dos. Un sourire apparaît sur mon visage et je viens tranquillement défaire la gance du fourreau pour poser la longue lame sur le dessus de mes cuisses.

- Sans vouloir vous offenser, mais je serai beaucoup plus sereine avec cette épée à proximité. C'est un héritage important qui est resté séparé de moi beaucoup trop longtemps. Je lui réponds en caressant le manche distraitement. Pour ce qui est de Sonya, vous pouvez toujours essayer de la convaincre, mais je vous mets en garde, elle prend son boulot très au sérieux.

Je relève la tête vers la géante à mes côtés, un air mesquin au visage. La demi-vigescienne roule les yeux d'un air désapprobateur. Elle sait que je cherche à la provoquer et se contente de détourner le regard.

Évidemment que le jeune prince est intéressé par le fonctionnement de sa nouvelle acquisition. Je le serais tout autant si j'avais été à sa place. Son enthousiasme me fait rire et je secoue la tête doucement.

- Il n'y a pas de mal. Vous pouvez poser toutes les questions que vous voulez. Je ferai mon possible pour répondre. Mais avant, un peu de vin ferait mon bonheur.

Je peux dire que c’est une demi-victoire, la jeune femme qui me fait face consent à poser son arme, tout en m’indiquant qu’elle n’ira pas plus loin, apparemment, c’est un héritage important pour elle. Toutefois, la garde du corps géante ne bouge pas un cil, j’espère qu’un peu de vin comme le propose mon invité la déridera quelque peu et je fais signe à un serviteur de remplir trois coupes d’un bon vin, très fruiter, avec une faible teneur en alcool, ma constitution m’empêchant de boire de manière inconsidérée.

Une fois cette formalité faite, je lui réponds :

C’est très aimable de votre part, je voulais vous demander comment l’aéronef se comporte face aux vents et le temps que vous avez mis entre ici et Naporia.

J’attends sa réponse avant de continuer :

Je ne connais pas exactement les termes de votre accord passé entre vous et mon père, mais je suppose que vous devez être pressé de rejoindre votre famille, cependant, puis-je vous demander de rester quelques semaines de plus pour former vos remplaçants ? Mon pays n’est guère à la pointe sur cette nouvelle technologie et nous ne disposons pas de personnes qualifiées.

Je la regarde droit dans ses beaux yeux avant de conclure :

Bien sûr, je vous paierais, vous et tous les membres de votre équipage qui voudront rester, j’ai vraiment besoin de vous.