Au premier cri, Kuruk ferme les yeux. Rien d'autre ne bouge, tout se suspend. Il entend la sombre prophétie de son frère.

Au deuxième cri, son corps se tend. Pourtant, il n'est pas fondamentalement surpris. Ils ont beaucoup eu de répit. Maintenant, seuls certains survivront. Les forts et les chanceux.

Au troisième cri, il inspire. Et il se met en marche tout de suite. Il se tourne vers ses compagnons : Tarek et Souleymane.

"A la caravane, prenez toutes les armes dont vous aurez besoin. Ils arrivent vite. Le jabal sera sacrifié."

Il sait qu'ils seront la première ligne, avec leur imposant chargement. Cela n'augure rien de bon. Tout comme le caractère désorganisé de cette mauvaise troupe qu'est la caravane. S'il avait une armée... s'il avait une armée de vigesciens ... il organiserait différemment cette bataille. Mais pour l'instant, il se concentre sur la survie. En priorité la sienne, celle de ses deux frères, éventuellement celle de son employeur, éventuellement celle du clan Xorn. Le reste... appartient au désert. Lui même a son cimeterre mais ça ne suffira pas, il faut des lames pour pouvoir lancer, couper, toute chose qui passera, toute opportunité de faire mal.

Sur le chemin, il croise Woo Jie. Et il pose la question qui claque, comme un ordre.

"Vous savez utiliser une arme ?"

Puis sans même écouter la réponse.

"Peu importe, prenez en une. Tâchez de survivre.

Alors même qu'il se tourne vers la caravane chercher son équipement supplémentaire, pris d'un regret absurde et incompréhensible pour lui, il se retourne.

"La clé c'est la mobilité et la vigilance. Se battre, c'est une question de placement."

Quelques instants se sont à peine écoulés, que le voilà armé jusqu'aux dents, avec ses tatouages, terrifiant. Tarek et Souleymane à ses côtés. Ils survivront plus facilement en se battant qu'en restant cachés. Car être caché à vue ne suffit pas à tromper un chancreux.

"Mes frères, vous avez déjà survécu à pire. Ce serait un honneur de mourir avec vous mais le Zarath a besoin de vous ... en vie. Peu importe la manière."

HRP:

La vie est un long fleuve tranquille, je ne sais plus quel écrivain de notre peuple a dit cela, mais de toute évidence, il n’est jamais venu dans le désert. C’est ce que je me dis quand toute la caravane s’arrête à cause d’un cri, pour moi, ce n’est pas bien grave, mais curieusement, cela ne semble pas être le cas de mes camarades de voyages qui semblent tout de suite, très tendu.

Apparemment, nous allons affronter une horde et je hoche la tête quand Kuruk me demande si je sais me battre, alors que je n’ai aucune idée ce quoi à quoi cela va ressembler. J’imagine qu’il s’agit de quelques bêtes en maraude, alors je reste calme et je lui réponds, lui montrant ma dague finement ouvragée :

Bien sûr.

Ce n’est pas totalement vrais, mais pour tuer des sortes de chien, cela devrait être suffisant. Il m’indique ensuite que la clé, c’est de bouger et de ne pas être déconcentré, ce qui me rappel un célèbre professeur, un certain obvious. En tout cas, je les aide à libérer le Jabal, puis j’indique à mes hommes :

Vous savez ce qu’il vous reste à faire, on tire à l’arc d’abord, puis une fois que l’ennemi est proche, on se sert de la lance, puis une fois au corps au corps, c’est l’épée courte.

Heureusement, que j’ai insisté pour bien équiper mes hommes avant de partir et que ces derniers ont une certaine expérience du combat. Au cours de mes aventures, j’ai déjà combattu des brigands et des bêtes sauvages, alors je ne devrais pas paniquer et tenir ma place dans la bataille qui s'annonce, je suis plus inquiet pour les autres, c’est pourquoi j’indique à l’autre caravane juste derrière nous :

Si vous le désirez, vous pouvez nous rejoindre.

HRP:

Pour avoir traversé le désert, il n'ignorait pas ce que signifiait ces hurlements canins et la surenchère consécutive de trois aboiements ne manqua de provoquer des effets très visuels sur son visage. Il imaginait très bien les dégâts que pouvait causer un Alpha, alors une horde composée de Bêtas et d'Alpha...

Erlann ne pouvait pas dire qu'il s'en sortirait vivant. Ni les autres. Mais il ne comptait pas s'écraser sans défendre sa peau. Pas question de franchir la Porte d'Origin sans savoir ce que lui apporterait ce journal mystérieux ! La famille avait nettement moins d'importance devant l'impératif de cette priorité. Les ordres de la meneuse du Clan Xorn lui paraissait très censé. Le temps était précieux pour organiser la défense dans l'ordre et il s'y employa de son mieux avec son pied blessé. Prendre des décisions avec célérité et rationalité n'étaient pas une chose aisée face à une telle crise.

Entends-tu ce bruit, chère amie ? La porte d'Origin est entre-ouverte pour nous, une horde de Chancreux arrive. Prends tous ce que tu peux pour aider les blessés dans la bataille à venir. Nous n'avons pas beaucoup de temps.  

Les bêtes qui tiraient leur chariot risquaient d'être les premières visées par les créatures cauchemardesques qui s'approchaient rapidement. Mais les sacrifier reviendraient à perdre leur propre chargement. Ce qui était très ennuyeux. Néanmoins, il fallait les détacher pour pouvoir former un mur en collant les chariots et caravanes.

Après l'avoir fait, il s'arma d'une lance et de couteaux puis se cacha derrière le mur. La meute de monstres se rapprochait dangereusement. Ces objets lui étaient plus infiniment plus familiers qu'une satanée épée ! En effet, c'étaient avec eux que les hommes de son village s'étaient efforcés d'éradiquer un Alpha végétal. Erlann restait vigilant, guettant une future opportunité de s'en prendre à un Bêta. La journée allait être longue, se disait-t-il, car il craignait que la horde ne leur tourne autour un bon moment.  Combien de gens verraient la nuit tomber ?

Puisse Vermine nous accorder sa bénédiction dans ce combat.  

Malgré la prière, il n'en menait pas large. Une horde de Chancreux. Rien de plus. Rien de moins.

Le voyage avait été calme jusqu'à présent, malgré la blessure d'Erlann et la chaleur écrasante. Mais Lyudmilla savait très bien que ce calme n'allait pas duré. Alors que l'expédition célébrait leur progrès, un cri horrifiant déchira l'air. La Dame de Fer, pour tout le courage qu'elle avait, sentit son sang se glacer dans ses veines. Elle en avait vu des choses horribles lors de ses nombreux voyages, mais elle n'avait jamais eu le déplaisir de rencontrer un chancreux à l'extérieur des ouvrages qu'elle avait étudié, encore moins une horde de ces créatures maléfiques. Alors qu'elle détachait les deux meuzhes qui tiraient sa roulotte, son oeil gris chercha à l'horizon la masse de monstres qui se dirigeait vers eux, mais ne vit rien. Ils étaient encore loins, ce qui leur donnerait un peu de temps pour s'organiser. Mais comment ? Lyudmilla n'était pas une combattante. Son compagnon ailé savait sans doute mieux se battre qu'elle !

D'ailleurs, parlant de son familier, Lyudmilla lui siffla une commande avant de l'envoyer vers les cieux. Astaroth patrouillerait les alentours de la caravanne à la recherche d'ennemis, signalant lorsque ceux-ci seront à priximité avant de revenir aux côtés de sa maîtresse pour la défendre. C'était une manoeuvre que l'alchimiste avait pratiqué maintes fois avec lui. Maintenant qu'elle était plus ou moins sûre qu'ils ne se feraient pas prendre par surprise, elle se tourna vers la foule de gens comme elle, de simples voyageurs, des gens qui n'avaient peut-être jamais connu le combat ni le Chancre en personne. Ils étaient inquiets, ils avaient peur. C'était donc à elle de se montrer brave si elle voulait être capable d'en sauver le plus possible. Il y aurait sans doute beaucoup de blessé à la fin de cette affaire, s'il y avait des survivants à soigner tout court, mais Milla ne voulait pas partir avec une mentalité défaitiste. Personne n'allait mourir sur son vigil, pas tant qu'elle aurait du souffle dans ses poumons.

Son regard se posa sur sa roulotte derrière elle. Sa vie en entier se trouvait entre les murs de bois de cette charrette. Des tonnes d'ingrédients et de concoctions faites à la main ainsi que des ouvrages alchimiques qu'elle avait écrit elle-même. Perdre sa roulotte reviendrait à dire qu'elle perdrait toutes les dernières années de sa vie ainsi que tous les moyens dont elle disposait pour soigner les blessés. Il était primordial que rien ne lui arrive...

- Faites attention aux signaux d'Astaroth vous deux. Elle s'adresse à ses deux compagnons de voyage. Moi je vais m'occuper de rassembler les blessés.

Elle fit comme Erlann et attrappa une lance, pour le peu que cela allait changer. C'était plus en cas d'urgence, sa cécité partielle la désavantageant contre quelconque adversaire qui se présenterait devant elle. Elle alla devoir se fier aux signaux de son oiseau pour l'affrontement à venir.