N’ayant pas été gâté avec une vie confortable à l’abri du besoin ni bénéficié des soins d’onéreux de spécialistes, Primaflavia n’est pas une beauté qui attire les regards bien qu’elle n’ignore rien des ruses des catins de la cour des Miracles. Elle ne souhaite pas gagner sa vie en vendant son corps à la beauté éphémère pour avoir vu le sort que subissent certaines malheureuses. La voleuse n’hésite pas à s’enlaidir et à se déguiser au besoin pour ses objectifs inavouables et réduire l’attention qui lui est portée.
Son visage aux origines australes évidentes possède quelques traits marquants comme les lèvres bien dessinées et un nez saillant qui aurait pu être mis en valeur avec du maquillage. Un nez que Primaflavia apprécie peu d’ailleurs. Le tout est contrebalancé par ses joues creusées par le manque de nutrition, ses cheveux noirs sauvages pleins de mèches folles. Sa chevelure est souvent sale et loin d’être doux au toucher. Les yeux de Primaflavia arborent une teinte bleu-gris clair accentué par des sourcils relevés.

Son corps a les imperfections et les cicatrices attendues d’une vide de misère bien que son existence se soit améliorée en gagnant en âge. Primaflavia a troqué une faiblesse en force physique contre un corps souple et agile qui lui permet de parcourir les toits de Naporia et de s’introduire en invité indésirable dans les maisons. Elle surprend par sa célérité à fuir une situation menaçant directement son intégrité physique. Elle ne fuit pas systématiquement le danger, sinon, elle ne volerait pas comme elle le fait.
Sa main droite porte une cicatrice de dents causée par une créature naporienne qui vit dans les déchets du caniveau. C’est une blessure qui ne s’est pas effacée avec le temps faute d’une régénération dans de bonnes conditions. De plus, c’est une mauvaise buveuse pour une sociale naturelle même si la voleuse se débrouille pour ne pas trop boire. En effet, son manque de tolérance à l’alcool nuit à ses capacités générales.

Très jeune, elle est contrainte de mûrir précocement et d’acquérir un jugement exceptionnel du coeur des hommes et de son environnement. Sa capacité à percer les sombres mystères de l’âme humaine est telle que peu parviennent à la tromper. Elle accorde difficilement sa confiance tant qu’elle est incertaine des motivations de ses interlocuteurs. Cette prudence explique sa survie dans un quartier des bas-fonds troublés par les conflits entre plusieurs bandes mineures de la ville et la corruption des polices. Ça, et un instinct de survie remarquablement développé en raison de son environnement.

Malgré cette compréhension intime de l’autre, elle n’est pas toujours capable d’être honnête avec elle-même, ses propres amies et alliées. C’est une forme de carapace mentale forgée pour lui permettre de survivre à la dureté de la vie des bas-fonds et qui est moins solide qu’elle ne le croît. Primaflavia craint de se faire poignarder dans le dos en se dévoilant comme c’est courant dans les bas-fonds. C’est ainsi qu’un premier amour lui a échappé parce qu’elle s’est refusée à avouer ses sentiments. Un regret serre toujours son coeur à l’idée d’avoir laissé passer la chance du bonheur.

Toutefois, son énergie honnêtement investie dans les relations sociales semble pleine d’entrain et de conviction. C’est ce qui fait son charisme et confirme une aptitude naturelle à converser avec ses semblables. Elle respire Une qualité qui lui a donné une influence officieuse, notamment quand il s’agit de diffuser des rumeurs. Primaflavia est à l’aise dans n’importe quel situation sociale, y compris le mensonge, mais entend perfectionner ses manipulations. En revanche, son apparence amicale ne signifie pas que ses intentions sont pures et innocentes à votre égard. Elle est peut être bien décidée à vous arnaquer ou à vous dépouiller de vos biens. Si vous avez été suffisamment idiot pour faire confiance à son masque social, vous ne pouvez qu’à vous en prendre à vous-même. Profiter des faiblesses des autres est son fort.
Malgré son goût immodéré pour les objets volés et l’argent mal acquis, elle respecte le tabou concernant le vol de pendentifs de cristaux qui équivaut à une condamnation à mort et à l’éventuelle apparition d’une machine à tuer au coeur de Naporia. Néanmoins ombre de propriétaires (décédés ou non) ont perdus des choses précieuses à cause de ses doigts agiles et de sa furtivité. Ambition peut être son deuxième prénom. Elle évite de se retrouver dans les situations de corps à corps et, si cela lui est impossible, elle cherchera à s’enfuir. Primaflavia est consciente de son manque d’entrainement en matière d’autodéfense.

Depuis que les tensions entre les nations se sont exacerbés, Primaflavia a une conscience politique plus aiguë de la place de la ville entre la puissance nuwa et la puissance australe. La voleuse prête davantage attention aux rumeurs (quand ce n’est pas elle-même qui les diffuse) qui circulent en lien avec la politique internationale et les gangs naporiens. Elle réfléchit activement à son Naporia idéal pour lequel elle est prête à accomplir d’autres tâches que le vol et à qui donner sa loyauté. Elle s’implique aussi dans la concurrence féroce entre rivaux naporiens en prenant des commandes de vols de documents, par exemple.
Les fortes inégalités entre pauvres et riches l’encouragent à viser ceux dont l’allégement de la bourse lui semble salutaire. Donner le goût de la misère aux riches naporiens et aux riches étrangers (qui ne connaissent pas encore bien la ville) lui donne une certaine satisfaction. Elle déteste le Baron Han qu’elle perçoit comme un capitaliste et les rumeurs qui courent sur lui ne font rien pour arranger les choses. Tant mieux, si elle peut en répandre des nouvelles encore pires sur son compte.

Son inclination particulière à voler les maisons bourgeoises de la ville fait l’admiration surtout au regard des risques de poursuite par des milices corrompues. En développent son réseau de connaissance dans la ville pour revendre ses objets volés peu après la mort de Faris Parjunel, Silke acquiert la réputation de cambrioler ce que le client désire. Mais, c’est plus probablement le vol très curieux qu’elle a commis en embarquant tous les vêtements d’un riche notable de la ville qui lui a valu de la reconnaissance. Comment s’est-t-elle débrouillée pour tout embarquer ? Pourquoi des vêtements plutôt que les bijoux et l’argenterie ? Le mystère reste entier. Ces questions se posent surtout dans le territoire de Miss Harriet.

{La boisson droguée consommée par votre narrateur vient de prendre effet, il sera temporairement indisponible.}

Ce fichu narra-machin m’a autorisé à m’exprimer pour raconter ma propre histoire. Enfin ! Tu n’imagines pas combien c’est difficile d’être décrite du point de vue d’un autre con. Ah ! Mais narra-truc, tu me brises le coeur à dévoiler les secrets que je garde bien enfouis. Penses bien que je n’allais pas te laisser en raconter plus. Aaah, que faire de toi ? Je vais te laisser ronfler dans la merde du caniveau, tu es trop lourd pour moi. Moi, manquer de considération pour mon créateur ? Absolument pas ! C’est l’expression de ma gratitude la plus sincère, bordel, à ce con.

Aaaah. Que te dire ? Je suis une gosse de rues, je n’ai jamais su quand je suis née ni quel nom m’ont donné mes parents. Aussi loin que je m’en souvienne mes parents étaient déjà des charognes dans la merde charriée par le caniveau. Tout ce que je peux dire d’eux est que j’ai hérité de leurs origines australes. On m’a donné des tas de noms qui n’en étaient pas. J’ai toujours connu les ghettos et la Cour des Miracles. Je vivais - survivais en détroussant les drogués et les cadavres dans l’espoir d’y trouver des trésors, en mendiant et en volant les bourses des passants. Quand j’étais affamée, j’étais réduite à essayer d’attraper des mouchards et des rhinons. La misère. { Une fois, un poteau a même trouvé une pierre philosophale sur un bougre, je ne l’ai su que bien après ce que c’était, le bougre, il avait du feu à volonté ! Il était tout feu tout flamme au moindre problème. J’étais trop jalouse.} La saison de Primaflavia était particulièrement difficile sans toit au-dessus de ta tête et des loques sales et déchirés en guise de vêtements. Nous essayions de nous entraider entre orphelin, de partager nos maigres récoltes pour lesquels nous étions souvent battus par le Gang Girofle du quartier. Ils nous volaient, ces bâtards, et nous étions impuissants !

Un jour, ils se sont faits bouter du quartier par une nouvelle bande. Différente. La bande de Faris Parjunel. Je me suis méfié, je - nous nous sommes méfiés, nous ne savions pas ce qu’elle nous réservait. On en parlait beaucoup entre gamins. Ah ? Ce qu’ils ont faits ? Eh bien… Ils ont nettoyé un taudis et l’ont transformé en un orphe - linat, ces cons ! Les poteaux qu’y sont allés, ils ont eus des vêtements, de la nourriture qui tient au ventre, c’est qu’on en rêvait ! Ça, on en avait parfois cette chance avec les belles de la Cour des Miracles. Quand elles ne faisaient pas de toi, un mignon. T’apprennent à plaire aux hommes et aux femmes. J’en connais qui ont choisis cette vie. Ça ne s'est pas toujours bien terminé pour eux. Donc, ce que j’ai fait ? Je suis allée à l’orphelinat par une journée de Primaflavia. J’étais, je dois dire, désespérée et gelée. Des gars m’ont accueillis, l’un d’eux, c’était un chef. Il m’a donné un manteau, un bol de soupe chaude et une place au coin du feu. { Ce gars, c’était Faris Parjunel, le nouveau maître du quartier. Il m’a donné un nom -} le nom qui énonce mes origines Silkienne. Raccourci en Silke par mes n’amis. Haha. Et mon nom ? C’est parce que je brave les éléments pour voler ce qu’il y a de plus précieux - Il signifie que je suis prête à tous pour m’emparer de ce que je désire ! En vrai, je l’ai pris pour me souvenir de la chaleur du feu et de la bouffe de ce jour à l’orphelinat. Et je suis restée. J’ai appris à lire et à écrire avec les poteaux. Plus tard, je suis entrée dans sa bande et je volais des choses bien mieux !

Faris Parjunel… C’était un sacré type, pour sûr. Mais, Naporia, c’est Naporia. Rien ne dure, rien n’est acquis. On ne s’élève que pour que la chute soit plus dure. Il ne faisait qu’acquérir du pouvoir et ça ne plaisait pas à tous le monde. Les choses se terminaient généralement sur le territoire d’un des membres de triumvirat en sa faveur. { Il avait sa putain préférée, tu vois, il lui rendait visite souvent et, un jour, il lui a claqué entre ses bras. Comme ça. Il était plus tout jeune, faut dire. Ça en a fait des histoires à raconter dans tout Naporia. T’es con ou quoi ? Tout le monde sait qu’il s’est fait avoir dans le caniveau. Il avait des ennemis. Beaucoup.} Après ça, le quartier n’a plus été le même. Ses bras-droits se sont déchirés, battus entre eux pour décider de la succession pendant que d’autres bandes s’invitaient pour faire couler davantage de sangs. Ne pas être retrouvée refroidie dans le caniveau et prendre mes distances avec ces histoires étaient en tête de mes priorités, tu penses bien. J’ai commencé aussi à faire des affaires en solitaire avec un bon commanditaire. Il apprécie mon travail.

Comment ça s’est goupillé pour que la paix revienne ? Mon beau, imagine une négociation entre toutes ces bandes sur le territoire du Baron Han choisie comme terrain neutre. Toutes les bandes impliquées voulaient se tailler la part du Chancreux. C’est un miracle que personne n’a vidé ses entrailles ni son sang sur la table des négociations, tu vois dans ces moments-là combien le pouvoir du Triumvirat est important sur la ville. Il en faut des tripes pour briser une négociation sur leur territoire… Ahaha ! Cela me rappelle… On m’a dit qu’il y avait des caricatures du Baron Han à l’époque, là, en train de chevaucher des Vigesciennes, fouet à la main. Des dessins bien faits. Ils doivent y en avoir qui circulent encore sous les manteaux.{ Je n’imaginai pas le Baron Han comme ça,} tu vois. Ce qui s’est passé, c’est resté sur un statut quo et, l’année suivante, la milice a débarqué et refroidit tout ce petit monde. Ça en fait des cadavres. L’odeur est restée un moment. Enfin presque tout le monde. Certains en ont réchappé. Je ne sais pas quel bâtard a arrosé la milice mais qu’est-ce ça a saigné ce jour-là. Ma planque a été tout chamboulée par ces cons, j’en ai réchappée de peu. J’ai remarqué l’activité inhabituelle de la milice un peu avant, tu vois. Des mouvements peu ordinaires. Si tu t’inquiètes pour l’orphelinat, il a survécu et quelqu’un d’autre l’a repris. Je ne comprends pas pourquoi un gars me cherche en clamant que j’ai trahi et balancé. C’est pas comme s’il était blanc comme neige ce bâtard.

Le temps a passé. J’ai vu la ville s’enrichir grâce aux nouvelles inventions et mes affaires fleurir. Mais quelle plaie ! Arroser la milice, les informateurs, c’est gourmand sur mon gagne-pain, l’ami ! Si l’argent poussait sur les arbres de Terranova, ça se saurait. J’ai quelque d’absolument miraculeux à te proposer, une pièce d'argent, ça te dit ? Une affaire !