Lyudmilla est le genre de personne qui ne passe jamais inaperçu. Du haut de son mètre quatre-vingt, on l’aperçoit facilement dans une foule de gens puisqu’elle dépasse la taille moyenne des gens, notamment celle des femmes. Mais sa grande taille n’est certainement pas le point qui la démarque le plus des autres, loin de là. Un épais voile de mystère entoure cette sombre femme et elle dégage une aura très particulière et particulièrement intimidante. Elle inspire naturellement la crainte chez les gens qu’elle croise et c’est sans doute dû à son apparence très sombre. En effet, elle arbore une très longue chevelure d’un noir abyssal, qui descend jusqu’au-dessous de son fessier, et elle a l’habitude de porter des vêtements sombres. Il est rare de la voir habillée dans d’autres couleurs que le noir. De plus, elle affectionne une longue cape faite de plumes noires qu’elle porte presque en tout temps.

Néanmoins, ce qui rend sa présence particulièrement angoissante c’est sans doute la présence de nombreuses cicatrices sur son visage. Durant une période particulièrement sombre dans la vie de Lyudmilla, elle fut capturée et torturée par les membres du clergé de son village et leur tourment a laissé de profondes marques qui la suivront toute le reste de sa vie. D’abord, tout le côté droit de son visage est balafré et une cicatrice particulièrement méchante lui a coûté l’utilisation de son œil. Seul une orbite vacante y demeure. Une autre balafre lui barre le bas de sa joue du côté gauche et dans son front, on lui a découpé un symbole religieux représentant la déesse Vermine. Et il ne s’agit que des marques les plus visibles. Le reste de son corps arbore aussi les vestiges des supplices qu’elle a subi lors de sa capture, notamment de longues traces dans son dos; résultat de nombreuses séances de flagellation. À la main gauche, il lui manque également un doigt, son annulaire, qui lui a été coupé par le chef du clergé lui-même.

Son œil gauche, bien que fonctionnel, est d’un gris tellement pâle qu’il donne l’impression de briller, surtout lorsqu’il est exposé à la lumière de la lune, ce qui n’aide pas à mitiger la méfiance qu’elle inspire chez les autres. Afin de contrer un peu l’effet qu’elle a auprès de la population, elle a commencé à porter un masque orné. Elle le porte presque toujours lorsqu’elle quitte sa maison. Bien qu’il cache ses traits un peu plus ‘’monstrueux’’, il n’est pas rare que les gens la prennent pour une lépreuse ou parfois même pour une chancreuse. Évidemment, la deuxième théorie est vite résolue lorsqu’ils la voient parfaitement saine d’esprit le jour d’après. Il n’est pas rare que l’on refuse de la servir, l’accusant d’être contagieuse ou alors d’être une sorcière par son apparence étrange et ténébreuse…

Mais sous son masque et les empreintes laissées par la torture qu’elle a dû souffrir, Lyudmilla est une femme d’une beauté intrigante, presqu’ensorcelante. Malheureusement, il ne lui reste que très peu de sa beauté naturelle désormais. Son visage arbore une expression sereine et calme qui peut être parfois interprété comme de l’indifférence ou de la nonchalance. Cependant, il lui arrive de montrer un sourire ici et là. Jamais avec les dents certes, mais un sourire malgré tout. Et c’est à ce moment que l’on peut apercevoir la douce femme qui sombre derrière cette façade effrayante.

Aux premiers abords, Lyudmilla apparaît comme une femme sournoise, à qui on ne devrait faire confiance et qui prend plaisir à répandre la misère autour d’elle, mais rien ne peut être aussi loin de la vérité. Lyudmilla est la douceur incarnée. Elle n’y penserait pas deux fois avant d’aider quelqu’un dans le besoin. D’une générosité sans borne, il lui arrive souvent de ne rien charger à ceux qui viennent la voir pour de l’aide, ce qui est en partie pourquoi elle vit une vie très modeste. En effet, elle a souvent du mal à se faire de l’argent, notamment car elle est très vite pour aider ceux dans le besoin et aussi car il n’est pas facile d’attirer de la clientèle. Mais sa situation financière ne l’inquiète que très peu, car elle a appris à subsister à ses besoins de façon parfaitement autonome. Elle a appris à vivre et à survivre dans la nature, cultivant ses propres fruits et légumes dans un petit jardin qu’elle a planté dans sa caravane. Bien sûr, il y a certaines choses qu’elle ne peut trouver région sauvage. Lorsqu’elle est de passage dans les villes, elle en profite donc pour se procurer des produits plus spécialisés, ainsi que pour vendre ses concoctions et ses produits artisanaux. C’est également en ville qu’elle peut récolter le plus de clients, étant donné que peu de gens osent circuler dans les forêts dans les régions sauvages du Royaume Austral.

Au fil des années, Lyudmilla s’est cultivé une excellente maîtrise de la médecine et de l’alchimie. Couplé avec ses vastes connaissances en botanique, elle est capable de créer des potions et des médicaments faits à base de plantes et de matière naturelles. Bien que les gens ont tendance à se montrer méfiants envers elle, l’efficacité de ses concoctions est difficile à disputer et ils lui ont valu une réputation plutôt importante au sein du Royaume Austral. Son passé lui a aussi valu une certaine notoriété et les gens la reconnaissent facilement par son apparence et celle de sa caravane. Pour certains, elle est « La Dame de Fer », la femme qui a survécu à la folie d’un prêtre complètement détraqué. Pour d’autres, elle est Lyudmilla Grindelwald, guérisseuse et alchimiste ayant performé des miracles sur des gens mourants et qui n’a ensuite rien demandé en retour.

On ne pourrait parler de Lyudmilla sans mentionner son amour pour les corbeaux. En effet, l’alchimiste est aussi une talentueuse éleveuse de corbeaux, une espèce d’oiseau qu’elle affectionne particulièrement. C’est sans doute leur nature d’incompris qui l’attire autant vers eux. Elle détient tout un élevage de ces grands oiseaux aux plumes sombres, et au fil des ans, elle est devenue plutôt douée pour les entraîner à imiter des sons et à effectuer des tâches plus ou moins complexes. Depuis qu’elle a commencé à parcourir les forêts silkiennes, ils sont devenus d’autant plus précieux pour elle, car ils lui servent d’éclaireurs, détectant les dangers environnants et l’avertissant lorsque des étrangers s’approchent de sa caravane. Bien qu’elle aime chacun de ses corbeaux avec l’amour d’une mère envers ses enfants, elle affectionne particulièrement son compagnon et celui qu’elle considère être son âme sœur : Abaddon. Les deux ont traversé de rudes épreuves et ils partagent un lien presque symbiotique. On ne voit que rarement un sans l’autre.

Malgré son passé tragique, Lyudmilla reste une femme optimiste et positive. Elle n’est pas du genre à se morfondre sur ce qu’elle a subi et où beaucoup auraient complètement perdu espoir en l’humanité et se seraient renfermés sur eux, elle en a fait autrement. Lyudmilla est consciente que ce qu’elle a vécu ne reflétait pas l’ensemble des gens de ce monde. Même si le monde peut sembler sombre et terrifiant, elle garde toujours espoir qu’à quelque part, il y aura toujours un brin de lumière. Il existe bien plus de bonnes personnes que l’on le croit selon elle, et c’est cette façon de penser qui la pousse à continuer d’avancer malgré toutes les épreuves qu’elle a dû traverser.

Vallakia était un petit village paisible et terne situé dans les régions plus marécageuses des forêts Silkiennes. Il faisait toujours gris dans ce secteur du Royaume Austral, un épais voile de nuages sombres couvrant presque en permanence le ciel. L’agriculture n’était donc pas la force de ce comté, mais les villageois faisaient de leur mieux pour subsister aux besoins de leurs familles et leurs voisins. Loin des centres peuplés du royaume, Vallakia était contrôlée par une forte influence cléricale, bien qu’officiellement, c’était le maire qui gouvernait le petit village. De fervents acolytes du panthéon divin, le clergé de Vallakia dirigeaient les villageois avec une main de fer, sous la bienveillance de leur Évêque, le Père Petrescu, qui avait un penchant fanatique pour le dieu de la justice et de la vérité, Doseus. Profitant de l’isolement du village par rapport aux autres villes du royaume, il n’hésitait pas à plonger les villageois dans la peur en imposant ses valeurs et sa vision des apprentissages du dieu de la justice...

C’est à Vallakia que Lyudmilla naquît. La benjamine de sa famille, elle avait 8 frangins : 5 frères et 3 sœurs, tous plus vieux qu’elle. Sa mère élevait ses enfants seules, car avant la naissance de sa plus jeune fille, son époux avait été pris par le Chancre et avait été exécuté publiquement, laissant sa femme et ses enfants dans la pauvreté. Heureusement, les plus vieux travaillaient pour contribuer aux dépenses familiales, ce qui laissait le temps à leur mère de s’occuper des plus jeunes.

Néanmoins, sa mère contribuait aussi à la récolte d’argent, ayant cultivée sa petite entreprise de remèdes naturels qu’elle vendait aux autres villageois. Cependant, la plupart était sceptiques, notamment car le clergé, ou plutôt l’homme qui les dirigeait, n’approuvaient pas de ce genre de remèdes. Néanmoins, Lyudmilla s’intéressa à un jeune âge au métier de sa mère et voulut apprendre tout ce qu’elle savait. Le village se trouvant loin des grandes villes silkiennes, et donc se trouvant dans la pauvreté par manque de commerce, les conditions n’étaient pas très salubres et beaucoup de gens succombaient à des maladies. Et puis il y avait aussi le Chancre qui emportait, occasionnellement, quelques Vallakiens. Lyudmilla souhaitait aider les gens de son village et souhaitait trouver un remède contre le Chancre. Sa mère lui montra tout ce qu’elle savait, mais avant qu’elle puisse voir sa fille devenir une alchimiste aguérie, elle succomba à une mystérieuse maladie inconnue…

La mort de sa mère annoncerait le début d’une longue série de morts dans sa famille et même dans le village au complet. Une étrange peste avait fait éruption à Vallakia, tuant un grand nombre de ses habitants, et un par un, les membres de la famille de Lyudmilla succombèrent aux effets de la maladie. Lyudmilla travailla furieusement pour essayer de trouver un remède, mais à chaque fois elle échouait et elle perdait un oncle, une frère ou encore une soeur, et après plusieurs années de défaites, elle se retrouva complètement seule dans la maison familiale…

Mais elle ne se laissa pas abattre par sa perte, car les gens de Vallakia continuaient de mourir en grand nombre aux mains de cette terrible maladie. Elle redoubla d’efforts dans ses recherches, apprenant à concocter des remèdes pour la plupart des maladies communes. Elle apprit comment mélanger des potions pour soigner tout genre de maux, fabriquer des salves pour prévenir les infections, etc… mais elle ne trouvait toujours pas de remède pour cette mystérieuse peste, qu’elle surnomma la « Fièvre Nécrotique ».

La Fièvre Nécrotique était une maladie virulente très contagieuse qui causait des fièvres fulgurantes et qui, dans ses derniers stades, nécrosait le corps de ses victimes, commençant d’abord par la peau avant de progresser vers les muscles, les os et les organes. Les personnes affligées par la Fièvre Nécrotique semblaient, littéralement, pourrir à vue d’œil, et les victimes de la peste périssait en quelques jours seulement, ce qui la rendait particulièrement dangereuse et difficile à traiter. Certaines personnes, comme Lyudmilla, semblait être naturellement immunisés à la maladie, alors que d’autre mourraient en moins de trois jours. En moyenne, une personne ne survivait pas plus d’une semaine avec la maladie, et au bout de 4-5 jours, la maladie causait des dommages irréversibles au corps de la victime.

Lyudmilla, pendant la majorité de son adolescence, travailla jour et nuit pour trouver un remède à cette peste. Étant une des rares personnes qui y était immunisé, elle sentait que c’était son devoir d’aider les gens de son village. De plus, la dernière chose qu’elle voulait, c’était que la maladie se propage au-delà des murs de Vallakia, ce qui n’était pas encore arrivé fort heureusement. Bien que ses trouvailles se montraient toujours peu fructueuses, Lyudmilla avait cependant fait quelques découvertes notables : elle avait noté que la peste ne s’attaquait pas aux animaux, et que les adultes semblaient sentir ses effets beaucoup plus violemment que chez les enfants, bien que les deux finissaient par succomber aux effets de la maladie. Malgré ses efforts et ses maintes tentatives, Lyudmilla semblait incapable de trouver un remède et, pendant quelques années, abandonna ses recherches sur la Fièvre…

Alors qu’elle entamait les premières années de l’âge adulte, Lyudmilla découvrit, au pied d’un arbre planté devant sa maison, un oisillon de corbeau. Elle accueilla alors le petit animal chez elle et le soigna, et lorsqu’elle voulut le libérer, elle se rendit vite compte que le jeune corbeau n’avait aucune intention de disparaître dans la nature. Pendant plusieurs semaines, l’oiseau revenait toujours chez Lyudmilla pour manger, et après presque un mois, elle décida de l’accueillir chez elle de façon permanente, et c’est ainsi qu’elle rencontra son meilleur ami et compagnon : Abaddon.

C’est ainsi qu’elle débuta son élevage de corbeaux. Elle a commencé d’abord par Abaddon, puis au fil des années, elle se mit à collectionner des corbeaux blessés et à les élever elle-même, jusqu’au jour où Abaddon se prit une compagne et qu’ils se mirent à produire des œufs. C’était une distraction appréciée pour un temps, mais le tourment qui affligeait ses voisins pesait toujours sur ses épaules…

Lyudmilla avait beau être une jeune femme gentille et douce, les gens de Vallakia se méfiaient beaucoup d’elle. Après tout, elle était une femme vivant seule dans une grande maison, et elle ne parlait pas beaucoup aux autres villageois, mais avec le temps, certaines familles désespérées s’étaient tournées vers elle pour qu’elle sauve leurs proches des maladies qui affligeaient le village, notamment la Fièvre Nécrotique. Après avoir guéri certaines personnes de leurs maux, le mot s’était répandu dans le village comme quoi il y avait cette femme qui donnait des remèdes aux malades sans demander de paiement. Évidemment, ceux qui étaient affectés par la Fièvre n’avaient aucun espoir de survie, mais leurs supplications ainsi que celles de leurs familles poussèrent Lyudmilla à reprendre ses recherches. Elle testa toutes ses expérimentations sur les nouvelles victimes qui se présentaient avec leurs familles, mais comme avec sa propre famille, aucuns de ses traitements fonctionnaient, et après avoir vu une énième fois quelqu’un succomber aux effets de la Fièvre, Lyudmilla concocta un poison qui allait endormir ses patients ‘’terminaux’’ pour toujours. Il s’agissait un d’élixir qu’elle surnommait « La Belle Mort », et c’était un poison fait à partir de plantes somnifères. En petite dose, le poison endormait progressivement le corps, ‘’éteignant’’ progressivement les différentes parties du corps en commençant d’abord par les fonctions motrices. La personne perdait progressivement l’usage de ses membres, avec les jambes qui étaient les premières à cesser de fonctionner. Ensuite, c’est la conscience qui s’éteint, et finalement, le cœur et la respiration ralentissent petit à petit avant de s’arrêter complètement. En grande dose, ce processus était grandement accéléré, mais le poison ne causait aucune douleur sur le corps de la personne qui l’ingérait. C’était une solution temporaire afin d’offrir une échappatoire à ceux qui ne désiraient pas souffrir les horribles symptômes causées par la Fièvre, et qui allaient nécessairement succomber à ses effets.

Elle jugeait que cela était une façon plus humaine de ‘’traiter’’ les malades plutôt que de les laisser mourir dans d’horribles souffrances, et c’était un sentiment qui était partagé par la majorité des familles de ses patients. En secret, elle effectua donc des ‘’euthanasies’’ sur ceux qui allaient succomber à la Fièvre Nécrotique, mais seulement en dernier ressort, lorsque toute autre option avait été exploré. Et ce n’est qu’après de nombreuses années de recherche qu’elle fit sa première vraie découverte.

Alors qu’elle quitta le village pour aller récolter des matériaux pour ses potions, Lyudmilla remarqua une espèce particulière de champignon qui poussait dans les environs du village. Il s’agissait de champignons qu’elle avait connus par le passé, mais ils semblaient avoir changé, comme s’ils avaient muté au fil du temps. Il s’agissait d’une espèce de champignon avec la chair ratatinée d’un noir d’encre, sauf que ceux-ci étaient géants! Elle s’était surprise à ne pas les avoir remarqués plus tôt. Peut-être avaient-ils seulement commencé à pousser plus près du village? S’aventurant plus loin dans les forêts marécageuses, elle retrouva davantage de ces gigantesques spécimens et elle remarqua que la couleur de leur chair ressemblait étrangement à celle de la peau de ceux affligés par la Fièvre. Elle rapporta donc quelques spécimens chez elle afin d’effectuer quelques expérimentations dessus, et après quelques jours de teste, elle découvrit que ces mystérieux champignons avaient, en effet, un lien avec la Fièvre Nécrotique! Mais avant qu’elle ne puisse découvrir comment ils affectaient les gens du village, Lyudmilla reçut la visite d’une personne à laquelle elle ne s’attendait pas…

Pendant qu’elle était préoccupée par ses recherches sur la Fièvre, l’Évêque avait appris que les villageois s’étaient tournés vers une femme qui offrait des remèdes sans demander quelconque compensation en retour, et avait entendu des rumeurs comme quoi beaucoup mouraient de ses traitements. Il n’avait donc pas hésité à prendre action contre cette vile sorcière…

C’était un jour comme un autre. Une autre famille venait de perdre un de leurs proches à la Fièvre et Lyudmilla l’avait envoyé dans une douce mort. Le corps venait tout juste d’être remis à la famille lorsque des membres du clergé, accompagnés par l’Évêque Petrescu, s’étaient présentés à sa maison. Elle pouvait sentir que quelque chose n’allait pas lorsqu’elle vit ses corbeaux s’agiter à leur arrivée. Sans lui demander la permission, les hommes de l’église s’étaient introduits dans sa maison, et lorsqu’elle voulut protester, l’un d’eux lui asséna une violente gifle à la figure qui l’envoya heurter le sol. Les prêtres découvrirent alors tout son équipement d’alchimie, ses remèdes, ses ingrédients ainsi que le poison qu’elle utilisait pour euthanasier ceux qui allaient être perdus à la Fièvre. Fou de rage, l’Évêque accusa l’alchimiste d’être une servante de Vermine, envoyée par la déesse de la mort pour expédier les gens de Vallakia vers une mort prématurée. Dans son excès de folie, il l’accusa même d’être la source de cette peste qui tourmentait leur village, prétendant qu’il s’agissait d’une autre maladie que la déesse avait envoyé sur les mortels de ce monde. La guérisseuse tenta de se défendre, mais ses protestations furent vaines, car l’Évêque ordonna que sa demeure soit ‘’purifiée’’ de toute influence maléfique. Ils enfermèrent alors les corbeaux de Lyudmilla dans leurs cages dans la maison, les corbeaux étant souvent associés à la mort par leur caractère nécrophage et alors associés à Vermine par certains, et ils passèrent la maison au bucher. Lyudmilla dut regarder, impuissante, la maison de sa famille brûler avec, à l’intérieur, ses uniques compagnons… Sa dévastation fut profonde, mais elle eut à peine le temps de pleurer la mort de ses compagnons plumés, car pendant que sa maison brûlait toujours, les hommes de l’église l’enchaînèrent et la trainèrent au travers du village vers l’église qui se situait sur une colline à l’extérieur du village. Ils la trainèrent dans la boue, devant les yeux de tout le monde, afin qu’ils puissent tous voir qui elle était vraiment…

Elle fut diffamée par l’Évêque Petrescu, qui convainquit le village en protestation que Lyudmilla avait été à l’origine de la Fièvre Nécrotique depuis tout ce temps, et puisque le prêtre prêchait tant l’honnêteté et la justice, ils le crurent. Cependant, pour la faire exécuter pour ses crimes, le clergé devait extraire les preuves de ses actions directement d’elle… alors l’Évêque l’a fit enfermé dans les sous-sols de l’église. Il la dépouilla de toutes ses possessions, incluant ses vêtements, et il la fit enchaîner dans une salle faite de pierre où elle était forcée de rester à genoux, les bras tendus vers le côté, en tout temps. Pour beaucoup de gens, juste le fait d’être mis à nu et enfermé les aurait brisés, mais le cauchemar de Lyudmilla s’étendait bien au-delà de l’enfermement et de l’isolement… Lorsqu’elle n’était pas dans sa cellule, elle se faisait entraîner dans une autre salle qui servait de chambre de torture, et on lui infligeait toutes sortes d’atrocités, allant de la noyade partielle aux coups de fouet jusqu’à la mutilation, tout dans le but de lui faire admettre qu’elle était essentiellement une acolyte de Vermine et qu’elle avait libérer le pathogène sur les pauvres gens de Vallakia. Mais Lyudmilla savait pertinemment que si elle admettait cette fausse vérité, elle se ferait tuer, et elle ne pouvait pas se permettre d’abandonner ceux qui avaient toujours besoin de son aide, pas alors qu’elle était si près du but! Ce serait un mensonge, cependant, de dire qu’elle n’a jamais pensé ou souhaiter de se faire libérer par la tendre étreinte de la mort. Dans les pires moments, où on l’avait battu et mutilé au point qu’elle ne se reconnaissait même plus dans le bain sang qui s’était formé sous elle, son esprit avait sombré et toute lumière semblait complètement hors de portée… mais pour une raison mystérieuse, Lyudmilla n’a pas abandonné, et a continué de se battre pour survivre…

L’Évêque Petrescu, entre temps, avait développé une fascination maladive avec la ténébreuse femme. Il désirait plus que tout qu’elle se repentît, qu’elle le laisse l’emmener vers la bonne voie, mais pour se faire, elle devait d’abord exposer la noirceur dans son cœur. Il essaya tout pour la faire craquer, la faire céder à la justice de SON dieu, allant jusqu’à employer des pratiques particulièrement crasses, comme le viol… et c’est en la violant que son obsession s’enflamma véritablement. Il devait la posséder, l’avoir à lui seul… Sa beauté était maladive, il la voyait partout où il allait. Aucun autre homme ne pouvait l’avoir… Il allait s’en assurer… Il commença d’abord par lui couper l’annulaire gauche, afin qu’il n’y ait jamais d’anneau autour, puis il lui mutila le visage afin de cacher sa beauté du monde, et finalement, il découpa le symbole de Vermine dans son front, afin que tout le monde la craigne et qu’elle n’ait d’autre option que de se repentir et de lui demander pardon pour ses pêchés…

Cependant, rien de cela ne se produit, car avant que Lyudmilla ne brise réellement sous les tortures de l’Évêque, le seigneur qui gouvernait le comté de Vallakia envoya sa garde récupérer et libérer la femme captive de l’église. Il s’avéra que, l’un des anciens patients de Lyudmilla, un aventurier qui lui avait été amené afin qu’elle puisse traiter de méchantes blessures, avait entendu parler de son incarcération abusive et qu’il serait allé chercher le soutien du seigneur du comté de Vallakia. Ce dernier avait ensuite envoyé sa garde au village afin de libérer Lyudmilla des griffes de l’Évêque, et une investigation ordonnée par le seigneur en question révéla que l’Évêque avait abusé de son influence cléricale en l’utilisant pour contrôler la population du village. Suite à l’enquête, l’Évêque Petrescu fut enfermé et son culte, dissoute. Plusieurs semaines après son incarcération, il fut publiquement exécuté pour les crimes qu’il avait commis envers Lyudmilla.

Lyudmilla prit plusieurs mois à se remettre de ce qui lui était arrivé. Ses blessures étaient sévères et allaient laisser des marques permanentes sur son corps. Ses nombreuses cicatrices lui valurent le surnom de ‘’la Dame de Fer’’: un témoin à la résilience dont elle a fait preuve lors de ses mois d’enfermement dans l’église. Après s’être remis de ces horribles expériences, et après avoir passé quelques temps avec l’homme qui lui avait sauvé la vie, Lyudmilla reprit ses recherches pour trouver un remède à la Fièvre Nécrotique. Les villageois avaient continués de succomber à la maladie durant son absence, et après plusieurs semaines d’expérimentation, elle trouva enfin une cure pour la peste. Il s’avéra que la Fièvre était en fait causée par les effets des spores des champignons géants qu’elle avait croisés dans la forêt. Autrefois, ils avaient été trop petits pour affecter les villageois, n’affectant que ceux qui les consommaient, mais lorsqu’ils ont commencé à devenir de plus en plus gros, c’est à ce moment que l’on vit la Fièvre apparaître chez les gens de Vallakia. Lyudmilla développa alors un antidote pour contrer les effets de la Fièvre et on vit les effets disparaître en quelques heures seulement. Après deux semaines, la maladie avait été complètement éradiqué du village et les histoires du succès de Lyudmilla se propagèrent dans le royaume comme du feu sur de l’huile.

« La Dame de Fer » devint une histoire populaire au sein des auberges du Royaume Austral, racontant l’histoire d’une dame dans un village lointain ayant été capturée et torturée par un prêtre fou et qui en était sortie en vie. Au même moment, les exploits de Lyudmilla étaient chantés par tous les alchimistes de la nation, qui désiraient tous apprendre d’elle ou de l’avoir avec eux dans leur atelier. Mais Lyudmilla n’était pas intéressée par la gloire ni la célébrité. Son seul désir était d’aider les gens dans le besoin, et maintenant que l’on connaissait son nom, elle devait maintenant prêter son expertise à la nation entière. Peu de temps après avoir libéré Vallakia du fléau de la Fièvre Nécrotique, elle quitta Vallakia avec l’aide du seigneur de la région. Sentant qu’il devait quelque chose à la femme qui avait sauvé la vie de son peuple, et à celle qui avait injustement subi les châtiments d’un homme fou, il finança la construction d’une caravane pour la maintenant célèbre guérisseuse, une qui allait lui servir de transport et d’habitation afin qu’elle puisse voyager de long en large le Royaume Austral en prêtant son aide et son expertise à ceux qui en avait besoin. Mais juste avant qu’elle fasse ses adieux à Vallakia, Lyudmilla fut surprise par un vieil ami : son familier Abaddon, qui avait miraculeusement survécu à l’incendie qui avait consommé sa maison. Il en gardait cependant le souvenir, son œil droit barré d’une horrible brûlure causée par les flammes qui ont englouti le bâtiment. Ayant retrouvé son compagnon d’antan, elle se sentait désormais prête à débuter sa nouvelle aventure, avec son aide, et avec l’aide de d’autres corbeaux qu’elle trouva en abondance dans ses voyages, elle reforma tranquillement son élevage, leur réservant une place spéciale dans le toit de sa caravane.

5 ans se sont écoulés depuis l’incident avec l’Évêque Petrescu, et entre temps, Lyudmilla a voyagé les nombreux comtés du Royaume Austral en prêtant son expertise médicale à ceux qui en avait besoin. Elle a même eu la chance de soigner des personnes d’importance, mais lorsqu’on lui offrait une récompense, elle refusait toujours, ou alors elle acceptait et redonnait l’argent à d’autres gens ou organismes. Le seul cadeau qu’elle a accepté fut celui qui lui a été donné par un noble qu’elle a sorti d’un coma, et il s’agissait d’un masque en or orné. Il s’agit de la seule chose de valeur qu’elle transporte et le masque vaut sans doute plus que toutes ses possessions combinées. Elle ne vit certainement pas dans le gros luxe, mais c’est assez confortable pour qu’elle puisse pratiquer son alchimie et son herboristerie à son aise. Ses voyages lui permettent une certaine proximité avec la nature, et celle-ci lui fournis un accès facile aux matières premières dont elle a besoin.

UPDATE - 2 ans plus tard: Lyudmilla prend la décision d'organiser une expédition en Vigescie. Pour financer l'expédition, Lyudmilla a vendu ses oiseaux à des chasseurs et à d'autres intéressés, ne souhaitant pas prendre le risque de les perdre lors de son long voyage en terres hostiles. Elle passe les 2 prochaines années à mettre tout en place pour son expédition vers le désert vigescien. Ayant atteint le mûr âge de 20 ans, son éternel compagnon, Abaddon, est mort de vieillesse aux côtés de sa maîtresse lors de son voyage en Vigescie. C'est désormais l'un de ses nombreux enfants, Astaroth, qui accompagne Lyudmilla, le seul corbeau qu'elle a gardé de son élevage.