Danse avec le Dragon [19/01/2021]

Deux bonnes années à s'abîmer la vue dans les recoins obscurs des archives du Quartier du Savoirs pour compiler la vie de H.S.  Cranelow. Deux bonnes années à se lancer dans des aventures qu'il avait espéré fructueuses. Oh ; fructueuse, elles l'ont été par bien des aspects mais aucunement en ce qui concernait le décryptage du journal. La frustration gagnait l'aventurier, fatigué par l'insuccès. Ces années avaient étés également tendues, il avait bien cru qu'un conflit allait s'engager avec pour théâtre des opérations, Naporia.

Les tensions avaient miraculeusement désescaladés avant une guerre ouverte et étaient revenus à une bien curieuse situation. Détail non moins intéressant était que l'état des choses actuels lui évoquait ce qui se passait dans sa propre famille et dans sa propre demeure. Une véritable guerre froide.  Il était assez au fait de la politique pour deviner que son royaume natal et l'empire Nuwa cherchaient à gagner des avantages en sous-main. Erlann demeurait actuellement à une auberge qui offrait un divertissement de chants, flûte et de tambours  animés par des hommes et des femmes. Seul art qui demeurait mixte parmi les Nuwas.

Attablés à une table ronde, Il s'occupait à griffonner les protagonistes de cette musique ensorcelante. Quiconque jetait un oeil aux feuilles verrait qu'il avait du talent pour reproduire ce qu'il voyait ; un talent qu'il avait exercé et aiguisé en continuant à dessiner. Parmi elles, se trouvait un navire volant à la proue de Dragon qui avait récemment fait escale dans le coin. Il était représenté dominant les cieux tel un fier représentant de la race dont la proue était l'effigie.

19/01/2021

Pourquoi est-ce que personne n’écoute mon avis ? C’est vrai que je suis né homme, mais j’ai quand même une personnalité, des envies, des désirs, mais parce que mon sexe est à l’extérieur, ma mère me voit plus comme un simple atout qu’un véritable être humain.

Avec mes sœurs, ce n’est pas la même chose et je pensais pouvoir bénéficier du même traitement qu’elles, mais les choses ont empiré quand l’ainée est devenue impératrice et maintenant Mère, ne rêve que de fortifier la famille, à l’aide d’un complexe jeu d’alliance et je ne suis qu’un pion dans son jeu. Me dire le jour de mon anniversaire que je suis officiellement marié à une jeune femme que je n’ai jamais vue, c’est trop, beaucoup trop.

Je suis donc partit sur un coup de tête, faisant du père de la promise un ennemi mortel et j’ai pris mon navire volant pour quitter la capitale devenue trop étouffante. Je pense même sérieusement à déserter, quitter l’Empire pour la ville libre, Naporia. Mais en attendant, j’ai besoin de me calmer un peu, c’est pourquoi je me suis arrêté dans la première ville venue et maintenant je suis dans une auberge, à boire quelques boissons fortes, tout en écoutant de la musique.

Je peux voir un homme assis sur une table prêt de la mienne et je suis surpris de distinguer un dessin de mon propre navire, c’est pourquoi je lui demande :

Vous avez un très bon coup de crayon, combien pour cette esquisse ?

Elle ira très bien dans ma cabine.

L'expérience acquise en tant que représentant de la firme Atrium dans une cité portuaire  et renforcée par ses voyages au Kaiming de Ren lui permirent de comprendre parfaitement la question du jeune Nuwa. En l'observant, il lui trouva un air familier, un je-ne sais-quoi qui lui mettait la puce à l'oreille. Les prunelles ambrées. Il ressemblait fort à Woo Hua Li-Na. S'il était bien un prince de Kaiming de Ren, Erlann s'interrogeait sur le motif de sa présence. La probabilité était renforcée par la qualité des vêtements que ce dernier portait qui indiquait une fortune, un haut rang dans le Kaiming de Ren.   Il mit sa curiosité de côté pour une fois et se concentra sur la question.

Question, qui lui faisait plaisir, elle lui assurait qu'on s'intéresserait à ses dessins.

Sans être particulièrement fortuné, l'explorateur n'était pas en manque d'argent. Mais une rentrée d'argent supplémentaire ne ferait pas du mal à son pécule de Wen. Avec les aléas des voyages, il n'était jamais à l'abri de dépenses imprévues. L'offre n'était donc pas inintéressante. Le problème était plutôt d'évaluer la valeur de son dessin et de fixer un prix qui donnerait l'impression à son acheteur d'avoir fait une affaire.

Enchanté, c'est un honneur qu'il vous plaise. , assuma-t-il d'abord, d'une voix au léger accent silkien. Je vous le cède pour trois Wens d'argent.

Restait plus qu'à voir comment le Kaiming de Ren allait réagir. Négocier ? Payer sans discuter ?

Maintenant, que je suis plus près de lui, je peux voir qu’il s’agit d’un étranger, un silkien si j’en crois son léger accent. En tout cas, il ne le vend pas très cher et je lui dis en souriant :

C’est d’accord.

Je farfouille un peu dans ma bourse et sort l’argent demandé, attendant qu’il me donne son accord pour prendre l’esquisse. Je peux ainsi la regarder à loisir et cette impression de légèreté est vraiment bien représentée, mais je me rends compte qu’il manque quelque chose et je lui dis :

C’est dommage, il aurait été encore plus beau les voiles sorties, vous acceptez les commandes ?

J’attends sa réponse avant de préciser :

On déploie les voiles pour augmenter la vitesse et c’est là qu’il est le plus majestueux. Je peux demander qu’on le fasse pour que vous puissiez faire un dessin de toute beauté et celui-là, je vous l’achète cinq Wens d’argent.

Je pourrais ainsi l’offrir à ma grande sœur, je suis sûr que cela lui fera plaisir. Elle est toujours aussi protectrice, surtout depuis qu’un parasite a failli me tuer, alors voir mon navire ainsi devrait la rassurer.

Et c'était un silkien barbu, au visage marqué par des tatouages et des cicatrices, de surcroît ! Des caractéristiques très distinctives. Il tira la feuille demandée par le noble de la pile déployée sur la table, puis la tendit à son interlocuteur et récupéra en retour l'argent qui s'en alla dans son escarcelle.

Marché conclu, alors. Tenez, voici.

Il lui semblait que ce jeune Kaiming de Ren était moins conscient de l'ordinaire de la plupart des Nuwas. Peut-être pouvait-t-il pousser un peu pour obtenir plus. Il serait satisfait s'il parvenait à augmenter légèrement  la somme allouée à la commande. Mais, si son instinct ne le trompait pas, ce Nuwa paiera la somme qu'il demandait, qui se trouvait être une quantité négligeable pour lui. Surtout à en juger par ses atours.

Si tel est votre désir, j'accepte volontiers la commande., dit-t-il en adoptant un ton ouvert à la négociation. Contre la modique somme de huit Wens.

D'autre part, Erlann était bien curieux, en plus de s'interroger sur l'identité de son interlocuteur, clairement de haut rang, il était intéressé par les connaissances qu'il pourrait avoir sur les bateaux volants.  Les propos du Nuwas laissaient entendre qu'il connaissait personnellement le navire volant. Un sujet qui ne manquait pas de passionner le silkien qui avait tenté d'en apprendre plus, il y a quelques années. Il était allé jusqu'à se rendre à Naporia et avait fait de son mieux pour comprendre le principe derrière.

Vous semblez bien connaître ce vaisseau. En seriez-vous un familier par hasard ?

L'heure de la vérité.

A ma grande satisfaction, le dessinateur accepte bien les commandes, même s’il augmente un peu le prix que je lui avais indiqué, cela n’a guère d’importance et je me contente de hocher la tête pour marquer mon accord.

Il me pose ensuite une question que j’ai un peu de mal à comprendre et je lui repose la question :

Si je suis un familier ?

Puis au moment où je finis ma phrase, je vois où mon interlocuteur veut en venir et je lui réponds en souriant :

On peut dire cela, le Dragon m’appartient, c’est pour cela que je le connais bien, même si je vous avouerais que mes compétences techniques sont bien faibles et que je ne pourrais guère satisfaire votre curiosité.

Je m’arrête une seconde pour commander une nouvelle boisson et pendant que la serveuse part la chercher, je l’informe :

Sans vouloir vous presser, je compte repartir demain soir, si vous voulez, nous pouvons nous donner rendez-vous devant cet établissement demain matin, et je vous mènerai à l’endroit où le capitaine l’a amarré.

Pour moi, c’est le plus simple, et lorsque la tenancière revient avec ma bière, je la bois tranquillement tout en attendant la réponse du Silkien, qui sera positive, j’en suis sûr, après tout, nous parlons de huit Wens d’argent.

Le petit silkien, curieux de nature, ne put s'empêcher de le tester tout en sachant en son fort intérieur qu'il était déjà conquis par l'occasion de voir un bateau volant de plus près. Les vaisseaux volants étaient un sujet qui le passionnaient depuis qu'ils étaient sortis de leurs arsenaux.  Ce jeune homme, même s'il ne possédait pas les compétences techniques pour comprendre les principes qui le faisait fonctionner, avait une chance extraordinaire.

Je me demande bien quelle sensation cela fait d'être à son bord pendant un voyage.

Il imaginait le souffle du vent, le froid de l'air, le vertige que représentait la vision du sol depuis le sol, les intempéries. Le silkien pouvait se vanter d'avoir une imagination extraordinaire grâce à son expérience de voyageur. Cette imagination s'accompagnait de ce qu'il pensait être - espérait être - une tolérance multiculturelle.

J'accepte.

Cela me fait plaisir que mon interlocuteur accepte et après avoir fini ma boisson, je quitte les lieux, préférant dormir dans un établissement plus conforme à mon rang. Je reviens à l’heure dite le jour suivant et après quelques minutes de marche nous arrivons à l’endroit où s'est posé mon navire, je lui indique :

Voilà donc le Dragon, Il mesure 70 mètres de long, 30 mètres d'envergure et 30 mètres de haut. Doté d'un équipage de quinze hommes et femmes très expérimentés, venant d'horizon divers, mais seulement armé de seulement deux balistes, il compte sur sa vitesse pour échapper au danger. À sa proue, se trouve une tête de dragon stylisé qui donne lui donne ce nom, car même si même s’il a été fabriqué à Naporia, les artisans de l’Empire l’ont profondément modifié. Si vous avez des questions ou des demandes, surtout n’hésitez pas. Je vais demander à mes hommes de faire déployer les voiles et je reviens.

Aussitôt dit, aussitôt fait et bien vite mon navire devient un fier vaisseau, prêt à bondir dans les cieux tels un dragon des temps mythiques.

Après le départ du riche nuwa qui ressemblait fort à la famille impériale des Woo, l'explorateur rangea ses crayonnés et décida de prendre une bonne nuit de sommeil. Il aurait à exercer ses talents de dessinateur pour produire une image du Dragon qui convienne au propriétaire du vaisseau. Il profita ainsi d'une nuit sur un futon - une couche composée d'un mince matelas de coton et d'une couette -. Très différent des lits du Royaume Austral. Au lever du jour qui parut à travers les orifices ménagées lors de la construction du bâtiment, Erlann s'équipa de ses chausses et de sa tunique et descendit déjeuner d'un bol de riz selon les usages nuwas.

Le petit silkien, plus petit que la moyenne des femmes silkiennes et au physique râblé de fermier, accompagna ensuite le propriétaire du Dragon et l'écouta débiter une présentation qui ferait merveille dans un livre d'histoire de la marine. C'était du moins la réflexion qu'il se fit en buvant littéralement ses paroles. Le Dragon, d'origine naporienne, était donc conçu pour prioriser la vitesse sur l'affrontement. Ses yeux repéraient le moindre détail, afin de capturer l'essence du Dragon qu'il mettrait dans ses futurs dessins.

C'est là, un magnifique vaisseau que vous possédez. C'est un honneur pour moi d'y monter à bord. Vous détenez une liberté que peu d'hommes au monde possèdent, celle de voler à votre gré. , complimenta-t-il en glissant une discrète allusion à la culture nuwa qui assignait l'homme à une sphère domestique. Ne la trouvez-vous pas grisante ?

Je bombe presque inconsciemment le torse quand l’étranger me complimente sur mon navire volant et je réponds en souriant :

Je sais que j’ai une énorme chance et je trouve cette sensation de liberté très agréable. Rien que le fait de pouvoir contempler le monde au niveau des nuages est vraiment quelque chose de formidable. Le problème, c’est ce qu’il faut accomplir pour garder ce privilège.

Je parle des missions données régulièrement par ma mère, beaucoup de transport, de courrier à remettre ou à recevoir dans des endroits tous plus improbables les uns que les autres. Mais ce n’est pas grand-chose, par rapport au sacrifice ultime que la cheffe de famille souhaite que je fasse, me marier. J’essaie donc de me changer les idées et je demande à mon interlocuteur :

Au fait, est-ce que vous vous plaisez dans l’Empire ?

Il s’agit d’une simple question de ma part et non d’un interrogatoire en règle.

Un privilège... Oui, cela en était un pour un homme du Kaiming de Ren. Même de la haute noblesse. Je comprenais bien que cela avait dû impliquer des sacrifices pour lui. Il ne semblait guère apprécier ce qu'il devait faire pour conserver cette liberté.

Il n'empêche. C'est merveilleux de pouvoir voler à bord de ces vaisseaux.

Alors cette question... Comment répondre diplomatiquement sans l'offenser et que cela ne revienne sur la tête de l'explorateur silkien plus tard ? C'était tout le problème avec les Nuwas qui avaient encore des relents de xénophobie contre les étrangers. Il n'était pas amateur du Mahjong. Et ce n'était pas l'incident qui s'était produit lorsqu'il était représentant de la firme Atrium qui le ferait changer d'avis. Au contraire.

J'adore les thés de l'Empire. Au Royaume Austral, les plantes sont tellement vénéneuses que cela ne nous viendrait pas à l'esprit de mettre des herbes dans de l'eau.

Il se tapota la panse avant de reprendre son propos.

Les moeurs et la manière de construire de l'Empire me passionnent. C'est fondamentalement différent de mon pays.

Devait-t-il developper sur la place des femmes dans le Royaume Austral ? Il y avait de fortes similarités entre la condition des hommes nuwa et celles des femmes silkiennes. Cela pouvait choquer un homme du Kaiming de Ren même s'il semble ouvert, étant donné qu'il avait un équipage venant de tout horizon.

Je n'aurais pas la liberté de voyager si j'étais né Kaiming de Ren. C'est mon épouse qui s'occupe des affaires de la maison et des enfants en mon absence.

Je hoche la tête pour montrer mon accord quand le dessinateur m’indique que le vol à bord du Dragon est merveilleux, car c’est exactement le terme que j’allais employer. Je l’écoute ensuite, sans l’interrompre sur sa vision de l’Empire et quand il a fini, je peux m’empêcher de lui dire :

Vous avez raison, les traditions sont différentes dans chaque pays et c’est à mon tour de vous envier, vous êtes le chef de famille, bien que vous soyez un homme.

Je rêve moi aussi de ne pas être simplement cantonné à la maison, à élever les enfants. J’aimerais tant pouvoir continuer à voyager sans me soucier de ce que va en penser ma famille, en un mot être libre. Mais de n’est pas possible, à moins que je déserte mon pays et que je devienne un apatride, obligé de faire de la piraterie pour survivre. Pour le moment, je ne suis pas prêt à choisir cette voie et pour chasser mes idées noires, je propose à mon interlocuteur étranger :

Une fois que vous avez fini votre croquis, voulez-vous faire un tour ? Je dois me rendre dans la ville voisine pour récupérer un paquet, vous pourrez ainsi affiner votre dessin.

Autant joindre l’utile à l’agréable, ce que j’appelle la Woo Jie touche.

Ne m'enviez pas trop.  J'ai beau être le chef de famille, je ne rentre pas souvent à la maison parce que je ne supporte pas les récriminations de mon père et de mon épouse. , lui répondit Erlann après avoir entendu l'expression de son admiration. Voyez-vous, selon eux, je ne fais rien de productif avec ces voyages et je devrai cesser pour me consacrer à d'autres occupations.

Il n'irait pas à se confier davantage sur les problèmes domestiques qu'il avait à la maison à un inconnu.  Qu'il suspectait par ailleurs d'être un noble de haut-rang de l'Empire Nuwa voire un prince - probablement un Woo à en juger par ces traits familiers.  L'explorateur chercha un bon endroit pour commencer à dessiner ce que le jeune nuwa lui avait commandé.

Pourquoi pas ? , fit-t-il en réponse à la proposition du prince Nuwa en s'asseyant sur une petite caisse laissée sur le pont. Le silkien tira ensuite de sa besace  le matériel  qu'il employait pour réaliser ses dessins et quelques feuilles. Erlann se mit à ébaucher les premiers traits  du Dragon, de fabrication naporienne et remodelé pour correspondre au goût nuwa. Peut-être que je ferai des vues à vols d'oiseaux ?

L’étranger me fait part de ses problèmes ce qui me fait sourire, et j’ajoute, pour qu’il ne le prenne pas mal :

Je ne me moque pas de vous, c’est juste que nous avons des vies totalement différentes, on ne m’a jamais demandé d’être « productif », juste de rester à la place que la société Nuwa demande aux hommes.

C’est-à-dire, rester à la maison, pour éduquer les enfants. Je le vois ensuite s’installer pour réaliser ma commande et quand il me donne son accord, je fais signe à mes hommes qui mettent en route l’appareil et nous défions, encore une fois, les lois de la gravité. Le Dragon s’envole aussi léger qu’une plume et le trajet en ligne droite, se moquant des fleuves et autres obstacles physique, ne dure que quelques dizaines de minutes.
Le retour se passe bien et arrivé à notre point de départ, je tends la main à mon compagnon de voyage, lui indiquant :

J’ai été ravi de faire votre connaissance, je dois partir pour un plus long voyage, vous n’aurez qu’à remettre les dessins au responsable de l’auberge, je viendrais les chercher.

J’ai en effet toute confiance en mon interlocuteur, car même si je l’ai déjà payé, je sais qu’il ne me trahira pas. Si je me trompe, un silkien ne devrait pas être bien difficile à retrouver dans le Royaume.

Ah ! Voir un bateau volant se mettre en branle était toujours un chose extraordinaire à ses yeux. Qu'importe s'il n'était que témoin du décollage ou à bord. L'explorateur n'avait nullement pris comme une moquerie ce que lui disait son interlocuteur, il comprenait les différences culturelles entre le Royaume Austral et l'Empire Nuwa. Il s'interrompît brièvement dans son dessin, releva la tête pour s'adresser au prince Nuwa.

Rassurez-vous, je ne le perçois pas comme une moquerie. Vous exprimez simplement une réalité différente de la mienne.

Erlann observa un peu ce qui se passait puis continua à laisser sa main librement décrire d'adroites courbes et lignes qui donnerait bientôt naissance à un fier Dragon élancé dans les airs. L'aller-retour lui permit d'avoir des croquis suffisamment avancé pour qu'il puisse terminer de mémoire les traits.
Je vous en prie, moi de même. Je remettrai les dessins au responsable de l'auberge, ne vous en inquiétez pas.

Après tout, l'une des plus basiques compétences pour un marchand est... la confiance des clients. La confiance que les produits seront bien ceux qui sont promis, que les produits seront remis à l'endroit dit au jour dit.

Je vous souhaite un bon voyage et qui sait ? Peut-être que nous nous reverrons.

Il descendit de la planche de débarquement avec un bon sourire au visage. C'était une belle fournée de dessins qu'il avait fait sans que l'on ne vienne l'ennuyer avec des accusations d'espionnage, par exemple. Cela lui arrivait parfois avec la xénophobie traditionnelle des Nuwas ce qui lui songer que ce jeune noble était singulièrement ouvert d'esprit. Son équipage de vaisseau le prouvait. Ah ! L'explorateur espérait rencontrer de nouveau cet intéressant personnage.