Comment ? Vous voulez que je vous décrive au maximum comment je suis pour que les statues que vous allez faire à mon effigie soient les plus réalistes possibles ? Bien évidemment, et tant qu'à faire, regardez un maximum ma corpulence parfaite ainsi que la personne géniale que je suis. Je suis Nodagog, fière Vigescienne au service de mon clan. Depuis que je suis enfant, j'ai toujours eu un physique avantageux, parfaitement taillé pour le combat et cela se ressent : abdominaux en acier, muscles sculptés, graisse inexistante, la carrure parfaite d'une guerrière. En plus de ça, la nature m'a doté d'une grande taille, avoisinant le mètre quatre vingt dix, mais également d'un corps sans la moindre imperfection. Et puis mon visage... l'avez-vous vu ? C'est puissant yeux noirs, cette bouche parfaitement symétrique, même ces cicatrices qui sont les seules que je possède sur le corps, il a fallu qu'ils se mettent à dix contre moi pour pouvoir m'en faire ! En encore, ils ont au final fini par tous se faire remettre à leur place.

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Hein ? Pourquoi vous me regardez comment ça ? Vous savez qui je suis ? Non ? Quel malheur.... le temps à tellement changé, j'étais si belle, si grande, pourquoi mon physique parfait fut la seule chose qu'on me permit de conserver de ma vie d'antan ? Déjà 95 ans et pourtant, j'ai toujours le corps athlétique qu'aurait une femme de mon âge approchant la cinquantaine. Mes muscles sont toujours taillés, ma précision légendaire à l'arc est toujours présente, alors pourquoi a t-il fallu que les choses dégénèrent autant ? Je le sens au plus profond de moi... oui, il fait maintenant partie de moi, il est une partie de moi-même. A cause lui il est gravé en moi... gravé sur ma peau, déposé à même mon plexus brachial, juste en dessous de mon cou. A cause de lui, je me sens obligée de le cacher... comme si cela me permettait d'ignorer qu'elle existe... comme si un jour cette malédiction allait finir par disparaître à faire de l'isoler. J'aurais cru qu'il me rendrait encore plus parfaite, il n'a fait que me rendre plus seule.

Mes plus grandes qualités ? Hmm.. disons que je suis puissante, ambitieuse, efficace, aimable, digne de confiance et bien sûr extrêmement humble. Je n'y peux rien si je suis la meilleure, c'est ainsi et je me complet dans cette idée. D'ailleurs, même si je ne voulais pas le dire, les autres le feraient pour moi tellement je suis géniale et exceptionnelle ! Ce n'est pas moi qui le dis, ce sont eux ! En même temps, quand à à peine 20 ans on mène le combat contre une horde gigantesque de chancreux, ça ne peut que attirer le respect. Pourtant, même si je suis si douée, je n'ai jamais été du genre à rabaisser les autres, plutôt à vouloir les entraîner à ma hauteur. Rien ne sert d'être la meilleure si on se fait détester de tous, être une grande personne amène des responsabilités, et mes talents innés m'ont menés à cette voie. Je n'ai peur de rien dans la vie, aucun ennemi ne me fait flancher, aussi grands et nombreux sont-ils.

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Qu'est-ce que c'est que ce bruit ? On vient m'attaquer ? Oh... non, ce n'est qu'un lapin. Pourquoi doivent-ils toujours passer à côté de mon campement quand ils ont toute la forêt de disponible ? Les autres Vigesciens... ils me traquent, ils veulent ma peau. Tout ça à cause de cette malédiction... elle me permet de survivre et de fuir, mais à quoi bon le faire lorsqu'on a tout perdu ? Cet objet... je suis certaine que c'est un rival jaloux qui m'a fait tomber dessus, je n'ai aucune autre explication. Je les aimais tous tant, ils m'aimaient tous également et finalement, la balance s'est renversée du jour au lendemain, me laissant seule, perdue dans mes exploits que personne ne veut écouter. Peut-être devrais-je envisager d'en fibir ? Non... même si j'ai tout perdu, j'ai gardé mon honneur et ma fierté, aussi infime soit-elle à ce jour. Je finirais par trouver une solution et un jour, quelqu'un se souviendra de tout ce que j'ai entrepris par le passé.

Cher journal,

J'écris aujourd'hui cette lettre dans l'espoir que si elle provienne de mes propres mains, elle finisse par rester quelque part, et qu'un jour quelqu'un puisse se souvenir de mon histoire et de tout ce qu'il s'est passé dans ma vie. Je compte faire un compte rendue de mon histoire : qui je suis et comment j'en suis arrivé là, alors voilà, commençons.

Mon nom est Nodagog Ghob, je suis née le 2 septembre 1926, fille du Clan Schorl, un clan Vigescien connu anciennement pour notre valeur au combat, mais aussi nos anciens qui étaient des êtres parfaitement cultivés, car savant lire et écrire, chose particulièrement rare en ce monde. Mon enfance fut parfaitement classique jusqu'à mes 2 ans. Je ne me souviens pas de cette époque bien trop lointaine, mais les anciens m'avaient raconté qu'alors que je n'étais qu'une enfant, j'avais déjà de grandes facilités pour tout : j'apprenais plus vite, je marchais plus vite, et je commençais déjà à instinctivement vouloir prendre les armes. Ils avaient vu du potentiel chez moi, c'est pour cette raison qu'avec une poignée d'élus, nous avions été pris sous la charge de nos aînés pour nous apprendre. Je n'eus aucune difficulté à apprendre cet art et d'ailleurs, je le maîtrise toujours aussi bien aujourd'hui malgré les années ayant passé.

A l'âge de neuf ans, les gens commençaient de plus en plus à me traiter comme une future grande guerrière. Malgré mon âge, j'avais dors et déjà compris le maniement des armes de corps à corps et même s'il ne s'agissait que d'arme en bois, aucune personne de mon âge n'était capable de me défaire. Par ailleurs, certains adultes échouaient également lorsqu'il s'agissait de combattre, renforçant cette aura qui planait autour de moi.

Comme tous les Vigesciens, la douzaine représente un âge très important car il s'agit de notre passage à l'âge adulte : la destruction de notre tout premier Chancreux. J'étais encore à l'époque ce qu'on pouvait qualifier d'enfant et pourtant, je me rendais dors et déjà compte qu'il s'agissait d'un combat truqué, mon adversaire n'en était pas réellement un, simplement une cible vivante. Ma masse en main, un combat s'engagea contre la bête, l'attaquant sans vergogne jusqu'à ce que cette dernière finisse par rendre l'âme. D'autres de mon âge avaient passé le même genre de "test", mais de tous je fus celle qui réussi à le vaincre le plus vite. Les gens qui ne s'en étaient jusque-là pas rendu compte finissaient par le remarquer : j'étais fait pour la guerre, tout le démontrait.

L'année de mes quinze ans fut également un très bon souvenir pour moi. Mon corps se sculptait de plus en plus pour devenir une masse de muscle ambulante, un visage parfait et mes talents au combat me rendaient de plus en plus intouchable. Entre temps, j'avais appris à manier correctement mon arme : un fléau, et j'avais également appris la chasse auprès de certains des miens. Il se trouvait que j'étais plutôt bonne quant à la maîtrise de ce dernier.
Cependant, le moment le plus mémorable fut ce jour d'octobre. Une mésentente éclata entre notre camp et un autre rival, créant de grandes tensions. Bien décidée à faire cesser tout cela, je partis accompagnée d'un ancien à la rencontre de leur chef en lui proposant un défi qu'il ne pouvait pas refuser : 10 de ses meilleurs guerriers contre moi, réellement armés, finir au sol impliquait la défaite. Il rigola bien trop longtemps à ma proposition, mais il finit malgré tout par l'acception suite à mon insistance.
Le combat qui suivit fut.... légendaire. Tous armés, ils venaient un à un sur moi mais se faisaient immédiatement maîtriser : un seul coup suffisait à tous les vaincre. Seuls les derniers réussirent à réellement m'atteindre : en venant me bloquer les membres, ils réussirent à me mettre un coup de lame... mais ce coup était imparfait, ils n'avaient été capable que de me balafrer au niveau de l'œil, me permettant ensuite de les envoyer violemment à terre. Ma victoire était totale, et la blessure que j'avais reçue ne faisait qu'agrandir ma légende grandissante : "pour blesser Nodagog, ils durent se mettre à dix", tels étaient les mots qui circulaient au sein des Clans. Le calme fut rétabli après cela, mais jamais je ne voulus imposer une quelconque loi : je ne désirais que la paix, celle qui permettait à tout le monde de mieux vivre.

Suite à cet événement, les exploits s'enchaînaient de manière légère, de quoi suffisamment impacter les clans mais pas suffisamment que le monde parle de moi... jusqu'à ce jour de juillet. 2 juillet 1946, alors âgée de 19 ans, une gigantesque horde de chancreux menacent Armasdem. Tous les Vigesciens étaient désorganisés à l'époque, aucun ne savait comment s'y prendre pour les défaire tant ils étaient nombreux. C'est en voyant ce chaos que j'eus décidé de prendre les armes et le commandement des Clans. Ma puissance et mon charisme étaient dors et déjà reconnu et il ne fallu que très peu de temps pour tous les convaincre : en me suivant, nous allions éradiquer le mal en un temps record. La plupart acceptèrent, et le combat fut complètement unilatéral. Bien que les chancreux soient puissant, ils ne pouvaient rien faire face aux stratégies que j'avais mis en place pour les combattre, exploitant au mieux les talents de chaque combattant. Plus ils brillaient au combat, plus je brillais moi aussi de la même occasion. La bataille fut une victoire, et c'est dès lors que le monde commença à entendre parler de mon nom, la guerrière Vigescienne parfaite, une génie du combat et de la stratégie parfaitement invincible. C'est à cette période que cela commença à me monter à la tête et mon comportement changea également : bien qu'étant toujours du genre à aider la veuve et l'orphelin, j'étais devenu aussi très imbue de moi-même, ressentant la perfection au sein de mes veines et personne n'était capable de me prouver le contraire. Mon succès m'avait dépassé, mais il était loin de vouloir s'arrêter.

A l'âge de 40 ans, ma réputation n'était plus à faire : tout le monde savait qui j'étais : la plus puissante guerrière Vigescienne du monde, invaincu depuis qu'elle est venue au monde. J'appréciais qu'on me surnomme l'Invincible, il m'arrivait même de moi-même me donner ce titre par excès d'orgueil. De nombreux villages avaient érigé des statues de ma personne, on enseignait aux enfants des clans quel genre de femme héroïque j'ai été, et malgré mon âge, mes exploits eux ne faisaient que se multiplier. C'est alors que je fêtais ma 40ème année en me baladant dans un village que je fus attiré par quelque chose d'étrange : une pierre précieuse. Cette dernière n'était pas taillée et se trouvait au milieu d'un étal parmi de nombreuses pierres qui étaient bien plus belles et pourtant... quelque chose m'attirait chez elle. J'étais incapable de dire quoi, mais je ressentais qu'elle se devait de finir en ma possession, j'avais l'impression qu'avec elle, ma légende ne ferait que grandir, que je deviendrais encore plus puissante que je ne l'étais déjà. Sous un flot d'émotion pareil, je finis par l'acheter et un jour, je me rendis compte que cette pierre n'était plus en ma possession. Elle n'avait pas été volé, elle n'était simplement plus là, elle était devenue une partie de moi. Comme je l'avais ressenti : elle m'a complété, elle m'a rendu parfaite. Dès lors, mon corps était capable de faire quelque chose qui semblait parfaitement invraisemblable : j'étais devenue capable de supprimer la substance de mon être, je pouvais passer à travers des murs, les lames pouvaient me traverser sans qu'aucun dégât ne se répercute sur mon corps. Je le savais cette fois, c'était ma destinée : j'étais devenue une fois pour toutes l'Invincible.
C'est quelques mois plus tard, le 12 décembre, qu'un coup d'état éclata ; les conseillers au Conclave Clanique se faisaient attaquer par des extrémistes Vigesciens. C'était une action que je ne pouvais nullement laisser passer. Prenant les armes, c'est accompagné de trois personnes que nous avons décidé de faire barrage. Nous étions tous les quatre connus pour être de puissants combattants, peut-être même les meilleurs de notre époque. A nous quatre, les adversaires n'avaient aucune chance et ils furent tous maîtrisés ou éliminés.
Pour nous quatre, cet événement marqua le plus haut de notre popularité : nous étions devenus des êtres quasi-divin, des personnes immortels qui resteraient à jamais dans l'esprit des gens.

Du moins... c'est ce que j'imaginais.

A peine un an plus tard, alors que je revenais de la chasse, j'ai vécu une scène d'incompréhension totale : ils refusaient de me laisser entrer. Je m'étais indigné contre cela, rappelant mon rang et mes faits d'armes, mais tous se mirent à rigoler, me traitant d'affabulatrice. Dans l'incompréhension totale, je décidais de me diriger vers la Capitale, cherchant un remède au problème qu'avaient probablement subit les miens, mais je fus accueilli de la même manière.
Le temps passa, les semaines, les mois, les années, je cherchais à trouver la cause de ce problème qui semblait avoir atteint le monde mais je ne trouvais absolument rien. Ca devenait même de plus en plus incompréhensible : mon visage sur les statues changeait, mon nom disparaissait des écrits, seuls mes exploits restaient au nom d'une héroïne anonyme.
Le temps que je comprenne, il était déjà trop tard. L'artefact... il était la cause de mes problèmes. A cause de lui, tout le monde avait oublié qui j'étais, j'étais comme rayée de l'histoire. J'ai attiré la haine de mon ancien clan à force de parler de mes exploits au sein du Clan Schorl, ils en avaient finit par me traquer afin de me faire taire une fois pour toute. Je fus obligée de m'exiler, seule au fond des bois, fuyant jusque dans les profondeurs du continent Silkien, là où je n'aurais pourtant jamais imaginé me rendre un jour... ou pas dans ces conditions. J'étais condamné à une vue de solitude où personne ne se souviendrait de moi.

Au jour où j'écris ces mots, je viens de fêter mes 95 ans. Rien n'a changé, tout à empirée. J'ai constamment peur, le moindre bruit me fait penser qu'on me traque, j'ai peur que la moindre personne qui me reconnaisse le fasse pour de mauvaises raisons. Je ne supporte plus de vivre ainsi, j'aimerais que tout recommence à nouveau et que mon péché ne soit plus l'orgueil. Mais au fond, ai-je vraiment été cette personne ? Ai-je vraiment vécu tout ce que je dis avoir vécu ? Moi-même je n'en suis plus certaine... je ne suis plus sûre d'être une héroïne, je ne suis plus sûr d'être une ancienne guerrière, je ne suis plus sûre d'être moi-même.